Sur Grenoble, des centaines de jeunes de moins de 25 ans ont pu bénéficier depuis deux ans de la « Garantie Jeunes ». Au-delà de l’aide financière, le travail d’équipe prime pour l’accès à l’emploi.
Au début de l’année 2015, les quatre Missions locales de l’agglomération grenobloise (Grenoble, Saint Martin d’Hères, Sud-Isère et Isère Drac Vercors) découvraient un nouveau système d’accompagnement vers l’emploi pour les jeunes de moins de 25 ans : la “Garantie Jeunes”. Réunies dans un pôle commun baptisé “Réussir ensemble”, ces structures d’État ont accueilli depuis deux ans plus de 75 promotions, constituées habituellement de 12 à 15 jeunes. Une réponse aux demandes de luttes contre la pauvreté de la jeunesse formulées par l’Union Européenne. Depuis janvier 2017, le dispositif expérimental est devenu global à tous les territoires français. On passe de l’expérimentation à la généralisation.
Retour sur l’expérience
Précision importante, l’entrée en garantie jeunes passe par une sélection. Le nombre de place est limité par le financement. Les encadrants veulent s’assurer que les jeunes qui suivront le programme seront prêts à chercher du travail. À Grenoble, ce sont environ 500 jeunes accueillis par an, qui vont percevoir pendant 12 mois une indemnité de 470,95€ par mois, dégressive en cas d’accès à un travail rémunéré.
En pratique, les jeunes acceptés en Garantie Jeunes démarrent par cinq semaines de recherche à temps plein, soit 35 heures. Dans le jargon de la Mission locale, cette phase est appelée “sas” : c’est la porte d’entrée de 12 mois d’accompagnement. Les jeunes sont accueillis par promotion, comme des professionnels. Mercédès Garac-Crespin, responsable Garantie Jeunes à « Réussir ensemble » parle “d’accueil proche de l’entreprise”. Les jeunes sont sensibilisés, “vous êtes des collaborateurs, on fait partie de la même équipe”. Très rapidement, ces jeunes sont amenés à travailler ensemble et à trouver des stages en entreprises. L’objectif est de réaliser deux semaines de stage sur les cinq premières semaines. “La promotion numéro 72 est revenue avec 17 stages, pour 11 personnes”, donne pour exemple Mercédès Garac-Crespin. Un record. Le stage fait ainsi office de “premier succès” et permet la prise de confiance en soi.
“Un espace sécurisant pour les jeunes”
Certains jeunes de la Mission locale peuvent avoir plus de difficultés. La Mission locale cherche alors à s’adapter. Un jeune était venu à 8h30 le matin avec ses valises. Il a pu rester toute la journée dans les locaux de « Réussir ensemble » pour “travailler sa mise à l’emploi”. “On n’est pas un dispositif d’urgence mais un espace sécurisant pour les jeunes, un point d’attachement”. Pour Alain Rey, directeur adjoint de la Mission locale Grenoble, il faut “développer le temps de présence en entreprise du jeune, pour qu’ils essayent d’en tirer une expérience personnelle”. Parfois, il y a rupture du contrat dans les cas où les obligations de recherche d’emploi ne sont pas respectées. Mercédès Garac-Crespin sensibilise à ce propos par un exemple, “quand moi je n’ai pas envie de travailler, mon employeur va demander d’expliquer pourquoi je ne suis pas venue”.
Travail en équipe
Faire travailler les jeunes en groupe a été une vraie révélation pour les Missions locales. “Dans l’accueil individuel, on ne voit qu’un tout petit bout de la personne”, estime Mercédès Garac-Crespin. Des relations amicales se tissent entre jeunes d’univers différents. La solidarité aussi. La responsable cite une jeune revenue la voir pour lui parler d’un stage possible pour une autre jeune… dont elle avait oublié le prénom. Les 14 conseillers de « Réussir ensemble » ont ainsi des rôles d’encadrants très importants. Ils sont toujours au minimum deux et animent les ateliers du sas, avec parfois d’autres professionnels intervenants. C’est le cas de salariés de la Fondation Orange qui travaillent sur les outils numériques et les simulations d’entretien.
Par ailleurs, les relations avec les entreprises sont indispensables pour aider les jeunes à décrocher leur stage et emploi. “On sait qu’on ne pourra pas travailler la question de l’emploi dans notre coin.” La réactivité est aussi essentielle pour les conseillers. Dès qu’un problème d’intégration au stage ou à l’entreprise est détecté, la réponse adaptée est trouvée dans les heures qui viennent. La structure peut par exemple déclencher des formations complémentaires en tant que prescripteur direct. La procédure est moins lourde, les employeurs sont rassurés et les jeunes sont portés par cette dynamique.
Le Pacea appelé en renfort
Un point faible de la Garantie Jeunes a tout de même été détecté, sa durée trop courte de 12 mois. Surtout pour un·e jeune de 18 ou 19 ans, “qui travaille à fond son parcours d’insertion professionnel, et après la dynamique retombe”. Pour consolider ces premières démarches, le Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie (Pacea) a été créé le 3 janvier 2017. Ce nouveau parcours durera lui deux ans. Il va englober la garantie jeunes, qui sera son “passage le plus renforcé”. Il est “le fruit de la réflexion sur la Garantie Jeunes” conclut Mercédès Garac-Crespin. Il ne reste plus qu’à l’appliquer sur la durée… en espérant qu’il survivra à la période électorale…