La liberté a un prix !

La liberté est un combat qui se gagne souvent difficilement. John Lewis en est témoin et nous livre aujourd’hui son vécu. Wake Up America n’est ni plainte, ni condamnation. C’est le témoignage d’une « voix morale vibrante dans la quête de l’égalité ».

Le chemin est long ! Très long !

Aux États-Unis, dans les années 1940, être noir était plus que difficile, surtout dans les États du sud.
Pour les familles noires américaines, faire profil bas était la meilleure façon de ne pas s’attirer des foudres. Les lynchages étaient habituels. La ségrégation existait toujours malgré son abolition officielle par la Cour Suprême : écoles, restaurants, toilettes publiques pour les « gens de couleurs ». En refusant de céder sa place à un passager blanc dans un autobus, Rosa Parks lance le premier pas d’une longue lutte pour les droits des Afro-Américains. Un geste qui lui vaut le surnom de « mère du mouvement des des droits civiques ».

Sénateur depuis 1986, John Lewis, né et grandi en Alabama, raconte dans cet album son engagement dans le mouvement des droits civiques aux côtés de Martin Luther King, Ralph Abernathy, Malcolm X, Rosa Parks… On découvre petit à petit son image et son identité politique, son combat pour l’égalité à travers un concept de non-violence.

Un récit émouvant, parfaitement bien renseigné et fidèlement chroniqué. John Lewis ne joue pas, à travers cette biographie, le super héros pour la cause des Noirs, ni dénonce qui que ce soit.

Les voyageurs de la Liberté

Infatigable pour les droits civiques, Lewis continue dans ce deuxième volet de Wake Up America, l’histoire de son combat pour la liberté des Noirs Américains dans les années 1960. Il décrit « les principes de Gandhi » : la non-violence et les sit-in, méthodes employées par « les voyageurs de la liberté » pour combattre un pouvoir qui se croit démocratique et qui avait laissé une partie du pays (le Sud) aux mains des ségrégationnistes. Leur but était de mettre fin à la discrimination raciale dans les bus et les gares routières des États du Sud, en appliquant une décision de la Cour Suprême. Cette zone d’une violence et d’une injustice indescriptible vis-à-vis de cette minorité noire leur a réservé un accueil digne des sudistes de l’époque : ils les ont menacés, humiliés, battus et emprisonnés. Courageux, ces voyageurs de la liberté, malgré ces situations infernales infligées par une grande partie des blancs racistes , ont continué leur leur action.
La « quête de dignité humaine » que ces courageux militants se battent a fait naître en eux une détermination qui est celle de dénoncer un État policier et surtout très violent.
Mais, comme a dit Périclès : « Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage ».

Dans un style vigoureux, d’un noir et blanc dramatique, Nate Powell a réconcilié l’histoire à son époque. La mise en page, énergique et sombre, qui imite le genre thriller, dessine la gravité des événements.

La lutte pour la conquête des droits civiques dans une Amérique ségrégationniste était un long chemin pour les Afro-Américains. Le sacrifice est le prix à payer pour la liberté et l’égalité, qui hélas, demeurent toujours des simples mots dans plusieurs régions du monde. Le célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream » n’était pas un rêve, mais le réveil d’un monde qui ronflait comme un sonneur.

20150911 wake up america2Wake up America 2 (1960-1963)
De John Lewis et Andrew Aydin
Dessin de Nate Powell
Édition Rue des Sèvres
Collection BD ADO-ADULTES
192 pages / 14 €