La marche forcée du numérique a mis sur le banc des pans entiers de la population en France. Au point que la Défenseure des droits parle de maltraitance institutionnelle. A quoi cela est-il dû ? Qui sont ces populations ? Le Bon Plan fait le point.
“De la maltraitance institutionnelle”, c’est par ces mots que la Défenseure des droits Claire Hédon, a qualifié la marche forcée au numérique du service public et dès lors, le (mauvais) traitement réservé à ceux qui sont défavorisés et deviennent donc, en plus, des ”e-exclus”.
Cette “dématérialisation forcée” profite “aux cadres aux hauts revenus et aux diplômés du supérieur” mais pas “aux personnes âgées, aux ruraux, aux prolétaires, aux non-diplômés, aux détenus, aux étrangers et aux handicapés”. Ceux-ci ne sont pas bien équipés en ordinateurs, tablettes, smartphones, manquent de savoirs informatiques, de réseau, d’une assistance de la part de leurs proches ou ne maîtrisent pas le langage administratif.
Comme l’indique le rapport de la Défenseure des droits “Dématérialisation des services publics : trois ans après où en est-on ? ” (Le rapport de 2022 vérifie si le premier rapport émis en 2019 a été ou non suivi d’effet), “la dématérialisation des services publics […] s’est souvent accompagnée de la fermeture de guichets de proximité et donc de la suppression de tout contact humain”. Cette situation “met […] en danger notre cohésion sociale, notre sentiment d’appartenance commun”. Et en effet, ce ne sont pas moins de 13 millions de personnes qui sont en difficulté avec le numérique dans notre pays. Une véritable fracture.
Et une fracture d’autant plus grande que, comme le rapporte la Défenseure des droits, les personnes sont contraintes de recourir aux services publics “soit [car] des textes [les y obligent], soit parce que leurs ressources et leur équilibre de vie dépendent des prestations du service public”.
Cette numérisation cache en fait une autre réalité : celle de “demander plus aux usagers pour que l’administration fasse moins et économise des ressources”.
Comme l’indique Gabriel Dupuy dans son article scientifique “La fracture numérique : mythes et réalités”, les Technologies de l’Information et de la Communication affectent fortement la vie quotidienne, l’identité et la culture.
Pour pallier cette “maltraitance institutionnelle”, la Défenseure des droits propose des pistes de solutions comme celle de “renforcer l’efficacité de la politique d’inclusion numérique” et surtout “d’offrir aux usagers la possibilité de choisir réellement leurs modes d’interaction avec les administrations”. Ceci pour répondre aux grands principes du service public que sont : la continuité, l’égalité et l’adaptabilité.
#A Grenoble
La ville de Grenoble ne propose pas de services numériques gratuits mais dispose d’unecarte des zones de wifi accessible depuis le site de la Mairie. Des points numériques sont ouverts dans les halls de la préfecture et des sous-préfectures de l’Isère. Ils s’adressent prioritairement aux personnes ne disposant pas d’outils informatiques personnels, ou peu à l’aise avec Internet.
Une carte fournie par HinAura (Hub pour l’inclusion numérique en Auvergne Rhône-Alpes) est également proposée sur le site des Espace Publics Numériques de l’Isère. Elle recense tous les espaces et l’on peut choisir le type d’accompagnement ou les démarches en ligne (CAF, Pole Emploi, etc.). Il existe également l’association Pangolin qui propose des ateliers d’initiation et de formation alliant créativité et citoyenneté numérique ou encore l’Age d’Or. Cette dernière, dédiée aux 50 ans et plus, propose une carte des lieux numériques grenoblois.