Après le succès de la rétrospective consacrée à Georgia O’Keeffe, le Musée de Grenoble immerge le visiteur jusqu’ au 31 juillet 2016 dans l’univers énigmatique et apaisant de Cristina Iglésias.
Sculptures et formes architecturées…
Figure majeure de l’art contemporain, née en 1956 à Saint Sébastien en Espagne, Cristina Iglesias s’impose dès la fin des années 80 comme une sculptrice d’œuvres singulières et envoûtantes, mais aussi et surtout, comme une artiste capable de les sublimer dans leur espace de présentation.
Avec un thème aussi commun, elle fait preuve d’une surprenante inventivité. En effet, pour transcender la nature, elle manie avec dextérité des matériaux aussi surprenants que le béton, l’albâtre, le bronze, la résine et même le verre qui s’épanouissent avec délicatesse dans ses œuvres. Ainsi, quand elle choisit de figurer un jardin, elle imagine de majestueux labyrinthes. Dans ses mains, l’agile et le grès se transforment en moucharabieh pour devenir de monumentaux refuges à poissons, immergés à 16 mètres de profondeur dans la réserve naturelle de l’Île d’Espiritu Santo au Mexique (voir ci-dessous).
Une maquette de ce lieu magique est d’ailleurs présentée à l’entrée de l’exposition. Christina Iglésias nous a d’ailleurs confié avoir été tellement enthousiasmée par cette commande qu’elle rédige actuellement un ouvrage de présentation sur cette installation hors norme.
…entre visible et invisible
Ses œuvres s’apprécient aussi bien dans le détail que dans leur globalité. En parcourant les « Chambres végétales », le « Pavillon de cristal » ou « le Passage » le spectateur se fond à l’intérieur d’une réalité fantasque et fini par leur appartenir le temps de sa visite.
En filtrant l’air et en apprivoisant la lumière, ses créations géométriques, à la fois écrans et paravents projettent un théâtre d’ombres fascinantes. Le regard s’y perd et se morcelle dans la précision des lignes. L’observateur confiant peut d’ailleurs épier à loisir sans être vu. Est-il pour autant ouvert sur monde ou coupé de celui-ci ? Est-il prisonnier des croisillons et autres tressages ou simplement protégé par eux ?
D’autre part, pour le visiteur averti, l’enchevêtrement des lignes révèle un agencement savant de lettres entrelacées. Il s’agit de fragments de textes empruntés à Raymond Roussel, à Joris-Karl Husmans ou à José de Acosta, un jésuite du XVIe siècles, missionnaire méprisant des cultures indigènes . Cristina Iglésias utilise la calligraphie en ouvrant subtilement son œuvre vers d’autres lieux ou d’autres époques pour proposer une relecture de la colonisation.
Conçue le voyage d’un espace à un autre, d’une perception à une sensation, l’exposition montre les réalisations végétales de l’artiste depuis ces 15 dernières années. Elle offre au visiteur l’occasion de s’évader de son quotidien pour éprouver une expérience d’éveil sensoriel, renforcée par le délicieux clapotis de l’eau. Une exposition à vivre… sans modération.
Pour infos :
Exposition de Cristina Iglesias
Du 23 avril au 31 juillet 2016
Musée de Grenoble
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h
04 76 63 44 44