On s’extasie devant la magnificence de la nature et pour votre gouverne pas besoin de faire des mille et des cents pour en prendre plein les mirettes. Où que l’on soit, les phénomènes de la vie nous apprennent que nul n’est censé ignorer notre environnement et que cette biodiversité, qui fait la richesse de notre planète, doit être respectée et sauvegardée à tout prix. Parmi toutes les espèces animales et végétales, l’abeille est une reine à laquelle notre vie est intimement rattachée.
En effet, cet insecte a un rôle majeur, celui de pollinisateur : « L’abeille dite domestique, c’est 80% de la pollinisation des plantes » nous rappelle Claude Merle, vice-président du Syndicat d’apiculture de l’Isère – l’Abeille Dauphinoise et chargé des cours en son « essaim ». L’activité apicole fait de plus en plus d’émules et cette structure revendique 1100 adhérents. Actuellement, même des grandes entreprises louent des ruchers afin d’améliorer leur image environnementale. Et l’abeille a bien besoin qu’on la défende.
Dans notre agglomération, l’abeille des champs doit faire face aux pesticides. Crolles, parmi d’autres mairies, essaie de soutenir la « désintoxication » des terres et d’encourager la rotation des cultures en comblant le manque à gagner. Ceci étant, ce procédé reste marginal car coûteux à la commune. Pour autant, l’homme n’est pas le seul coupable dans la survie de cette abeille puisque dans un écosystème des prédateurs, des parasites comme le varroa en l’occurrence, font dépérir des ruches entières et sont responsables de l’effondrement des colonies.
Néanmoins, comme le souligne Claude Merle, « il n’y a pas vraiment un syndrome mais plutôt un ensemble de symptômes qui empêchent l’abeille de bien vivre ». Un bien-vivre qui paradoxalement peut être atteint en milieu urbain. Pourquoi ? L’adoption d’une politique des espaces verts basée sur le « zéro-phyto », c’est-à-dire la non-utilisation de produits chimiques, notamment les désherbants, et un arrosage même en période de sécheresse, améliorent le confort de l’abeille. Ainsi, la Ville de Grenoble est devenue ville apicultrice puisqu’elle est adhérente à l’Abeille Dauphinoise et respecte cette charte. Depuis l’introduction en 2010 de ruchers sur le toit de l’Hôtel de Ville et au centre de production horticole du Service Espaces Verts plus de quarante kilos de miel ont été récoltés. Claude Merle précise à ce sujet que « C’est le Service Espaces Verts de la Ville de Grenoble qui gère de façon autonome les ruchers. J’ai moi-même formé une dizaine de jardiniers responsables du suivi des abeilles. Dès ce printemps notre cheptel comptera dix ruches dont deux nouvelles installées aux portes de la Bastille dans le jardin des Dauphins. À terme, quatre ruches du Centre Horticole seront réparties entre le parc Jean Verlhac et le parc des Champs-Elysées (ex-Bachelard). »
De facto, l’abeille des villes se porte comme un charme puisque les seuls griefs à son émancipation concernent bien entendu la pollution et les antennes relais de téléphonie mobile. À ce sujet, beaucoup de villes se dotent de ruchers pour tester la qualité de leur air car l’abeille est un excellent bio-indicateur. Selon des analyses, le miel de la Ville de Grenoble est exempt de métaux lourds et de pesticides. Quoiqu’il en soit, au détour d’un chemin, d’un parc ou d’une lecture, n’ayez pas peur d’une abeille, elle ne vous veut que du bien. Bzzz…