Une association grenobloise des habitants de la Villeneuve poursuit France 2 en justice après leur reportage-catastrophe intitulé « La Villeneuve : le rêve brisé ».
Cette association s’est créée en 2005 à la suite des événements graves survenus à la Villeneuve au début de cette même année. Elle s’est formée en tant que collectif des habitants de la Crique Sud (130 au 170 Arlequin). Sous forme associative dès mai 2005, le collectif veut comprendre une mixité sociale, et sert trois objectifs principaux : promouvoir le dialogue entre les générations, entre les propriétaires et les locataires, et entre les habitants et professionnels agissant sur le quartier ; redonner une qualité de vie au quartier en essayant d’agir aussi sur le problème de la sécurité ; et réhabiliter l’image de la Villeneuve.
C’est précisément en regard de ce statut là que l’association a décidé de porter plainte contre France 2. En effet, fin septembre, dans le cadre de l’émission « Envoyé spécial », France 2 diffusait un reportage alarmiste sur la Villeneuve : on y voyait des jeunes, de nuit, tout puissants dans les coursives, des policiers appeurés dans une zone de non droit manifeste ; le reportage présentant le quartier entre les paramètres de la violence de la peur et de la vulgarité. Ce reportage avait créé un vif émoi dans le quartier, les habitants ne se reconnaissant pas dans cette caricature catastrophiste. Nombreux étaient ceux qui avaient élevés la voix pour défendre leur quartier, mettant en exergue toutes les entreprises de solidarité et d’humanité en cours à la Villeneuve, et relativisant par là fortement l’approche certainement trop négative des reporters de France 2. Le Bon Plan avait alors déjà commenté la polémique.
Apparement la pilule n’est toujours pas passée. Pauline Damiano, de l’association Crique Sud Arlequin explique : « On a comme objectif de réhabiliter l’image de la Villeneuve, et c’est grâce à cet élément de notre statut que nous pouvons porter plainte. ». Et elle poursuit : « Nous trouvons que l’image qui est donnée dans le reportage est tellement partiale qu’elle ne permet pas de rendre compte de la réalité de notre quartier, et que c’est tellement noir que nous ne nous sommes pas reconnus dans ce reportage. Ceux qui ont témoigné n’y ont pas retrouvé la teneur de ce qu’ils ont dit. Nous ne nions pas les problèmes qui peuvent exister, mais nous vivons bien autre chose, de bien plus riche, sur le quartier. ».
Du coup, l’association porte plainte pour diffamation. L’objectif ? « Faire en sorte qu’une réflexion ait lieu, de la part de la presse, en particulier la presse télé, étant donné qu’elle a énormément d’impact, et lui permettre de réfléchir sur ses modes de fonctionnement par rapport aux quartiers et aux banlieues. ».
Par cette plainte, l’association espère aussi se faire connaître et donner un nouvel espoir aux habitants du quartier, engranger une dynamique sociale qui les réunissent et créé des liens de solidarité. On ne leur souhaite que cela.