Les temps sont durs et s’annoncent difficiles pour les sans-abris. Incapable de satisfaire les demandes d’hébergement d’urgence, le 115 reste saturé et n’arrive plus à satisfaire les demandes d’hébergement. La FNARS a publié son rapport annuel et la situation est alarmante.
Plus de demandes
Les chiffres sont là, mais n’apportent pas forcément de bonnes nouvelles. La Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) vient de publier ce 27 juillet son rapport annuel. Un rapport basé sur Le baromètre 115 sur 37 départements. Une situation inquiétante vue l’augmentation du nombre de demandes d’hébergement d’urgence. Près de 97 600 personnes ont sollicité le 115 pour un hébergement (soit plus de 4 % en un an) et, malheureusement, une réponse sur deux reste négative. Si ces demandes d’hébergement sont en hausse, cela signifie que le nombre de personnes et surtout des familles dans la rue ne font qu’augmenter.
Tout le monde sait combien la rue peut tuer, surtout pour les enfants dont le nombre s’intensifie de jour en jour : plus de 20 600 mineurs sont concernés, soit 21 % de l’ensemble des publics.
41 200 hommes seuls ont appelé le 115, soit 42 % et, 34 % de l’ensemble des demandes. Mais selon ce rapport, ce nombre est en baisse (-2,4 %) sur ces deux dernières années.
Les femmes seules ne représentent que 12 % , soit 11 200 le nombre de femmes à avoir eu recours au 115. Bien que ce nombre semble dérisoire, il ne fait qu’augmenter. Soit + de 6 % entre 2012 et 2014.
37 900 familles ont sollicité le 115 (39 % du public). Une augmentation de 16 % entre 2012 et 2014.
Cette situation ne doit laisser personne indifférent, car elle empire de jour en jour. Le 115 n’a plus de solutions. Et pourtant « Le gouvernement a fait des efforts, notamment en annonçant la création de 7.000 places d’hébergement en 2013, reconnaît Florent Guéguen, directeur général de la FNARS. Mais contrairement aux promesses, nous sommes toujours dans la gestion saisonnière, avec des endroits précaires, de mauvaise qualité ».
Moins de réponses
Certes, les attributions d’hébergement d’urgence ont progressé entre 2012 et 2014 (+ 35 %), mais les non-attributions restent majoritaires. En 2014, dans les 37 départements faisant partie du baromètre 115, parmi les 97 600 personnes qui ont demandé un hébergement d’urgence, 48 000 personnes (49 %) n’ont jamais été hébergées. 34 % des demandes ont pu bénéficier d’un hébergement, ne serait-ce qu’une fois. Et seuls 17 % des appels ont donné lieu à des hébergement.
La grande partie des attributions est dirigée vers les centres d’hébergement d’urgence (CHU), soit 46 %.
Les hôtels aussi accueillent beaucoup de monde. 37 % des attributions sont orientées vers ces « logements ». Une forte augmentation par rapport aux années précédentes, soit + de 51 %.
Pour les structures hivernales, elles accueillent 12 % des attributions.
Ce numéro d’urgence accessible 24h / 24 et gratuit répond aux appels mais pas aux besoins d’accueil et d’aide aux personnes sans-abri et en grande difficulté.
Et pourtant en principe, « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence » , stipule l’Article L. 342-2 du Code de l’Action Sociale et des Familles. Visiblement, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Le manque de place et surtout la priorisation des attributions mettent les demandeurs dans des situations délicates et les employés du 115 dans l’embarras et la colère.