30 ans après sa mort, la Cinémathèque Française propose une exposition Truffaut dont le catalogue, publié chez Flammarion, apparaît comme un livre indispensable pour tout cinéphile qui se respecte.
Derrière la chambre verte
Jules et Jim, La Nuit américaine, L’Enfant sauvage, Le Dernier métro, La Chambre verte, L’Homme qui aimait les femmes… On peut en citer beaucoup, de films de Truffaut qui ont marqué leur époque autant que leur spectateur, portant chacun à leur manière l’empreinte d’un réalisateur unique, au cœur de son temps et toujours en marge.
De son enfance passée dans des salles de cinéma en passant par son activité de critique jusqu’à sa vie de réalisateur, le catalogue de l’exposition Truffaut organisée par la Cinémathèque Française dresse, de cet homme qui semble si simple et si constant, un portrait complexe et varié qui se dévore sans réserve.
L’amoureux de Truffaut trouvera au fil des pages des documents inestimables : photographies des jeunes et moins jeunes années, brouillons et modèles de travail, échanges de correspondance, tout l’univers Truffaut se distingue et s’impose, accompagné d’une mise en page élégante qui rend la lecture aussi confortable que l’ouvrage esthétiquement irréprochable.
L’Homme qui aimait les films
Mais aimer Truffaut c’est naturellement aimer son cinéma, sa conception du septième art qui a donné naissance à des films à part, même au sein de la nouvelle vague pourtant foisonnante et vouée à renverser les codes les mieux ancrés. Analyses et entretiens alimenteront ainsi la curiosité du cinéphile désireux d’en savoir plus sur la manière dont Truffaut travaillait, la manière dont Truffaut était, à l’écran comme dans la vie, comme si les deux personnages ne pouvaient réellement se dissocier.
« Les gens comme toi comme moi, tu le sais bien, on est fait pour être heureux dans le travail, dans notre travail de cinéma » disait Truffaut, jouant le réalisateur à Léaud, jouant l’acteur, dans la Nuit Américaine. Le cinéma comme une école du bonheur, même lorsqu’il est question d’aborder des thèmes graves, même lorsque la mort envahit l’écran, c’est peut-être cela la recette de François Truffaut, ce qui donne à ses films une tonalité inimitable qui fascina et fascine encore.
Comme si Truffaut avait jusqu’au bout signé des films s’adressant à l’enfant cinéphile qu’il était, qui entrait en douce dans les salles et regardait les films en passager clandestin, au long de ses heures d’école buissonnière. Cet enfant, on le retrouve, lui et son imaginaire, sa passion intacte jusque dans son cerveau abimé des derniers mois, à l’intérieur de cet ouvrage exigeant et accessible, qui accompagne à merveille l’année Truffaut, hélas bien trop discrète, qu’aura été 2014.
François Truffaut
Sous la direction de Serge Toubiana
éditions Flammarion – La Cinémathèque Française
244 pages, 35 €