Le Musée de la Résistance et de la Déportation présente jusqu’au 17 octobre 2017, le témoignage photographique de Gustavo Germano. Une exposition audacieuse et poignante.
Fondé par des résistants, des déportés et des enseignants voilà près de 50 ans, le musée de la rue Hebert est un lieu d’histoire et de mémoire mais pas seulement.
Au-delà, de l’aspect formel de la présentation des repères historiques, les expositions permanentes et temporaires montrent le combat quotidien d’hommes et de femmes anonymes en lutte contre les injustices et la barbarie.
Disparitions forcées : le massacre de la jeunesse
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, alors que le monde peine à se relever du traumatisme de la 2nd guerre mondiale, l’Amérique Latine bascule dans le terrorisme d’état avec une politique de répression sans précédent.
Les droits fondamentaux sont bafoués, des dizaines de milliers de personnes disparaissent brutalement. Terrorisées des millions d’autres s’exilent. La France, notamment les deux Savoie et l’Isère devient alors une terre refuge et accueille pour ces déracinés.
Ainsi, quarante ans après le coup d’État militaire argentin et sur proposition du Collectif Mémoire-Vérité-Justice Rhône-Alpes, le musée expose le travail saisissant de Gustavo Germano réalisé en hommage aux disparus assassinés par les « sécurités nationales » des dictatures du Brésil (1964-1985) et de l’Argentine (1976-1983).
Voir au-delà de la douleur de l’absence
Dès le début de l’exposition, le ton est donné : l’insouciance se heurte au vide. Les bulles de bonheur butent sans ménagement contre les clichés pris quarante ans plus tard qui révèlent sans tabou ni pudeur l’absence de l’être aimé. L’œil du spectateur scrute avidement les gestes figés, il s’attarde de l’un à l’autre, cherche à décrypter la posture des survivants. Le visiteur captif est emporté dans ses réflexions par ses émotions. Survivre à un tel deuil, comment cela peut-il se concevoir ?
L’exposition s’apprécie aussi par le soin apporté à la qualité des documents présentés. Traduit en français, en espagnol et en portugais, chaque document propose un éclairage différent. Une vidéo présente la minutie du travail du photographe, des panneaux d’affichage et carte fournissent une lecture chronologique des événements. Un flyer, disponible gratuitement à l’accueil, propose une biographie des victimes et enfin, l’ouvrage de présentation de l’exposition « Ausenias » édité pour l’occasion.
Plus que tout autre moyen de restitution des atrocités et des crimes de masse, l’art dénonce, au-delà des statistiques, des mots ou des enjeux politico-judiciaires la disparition de l’être cher. Parallèlement, cette exposition alerte aussi sur l’insidieux recul des droits sociaux et démocratiques amorcé par les politiques actuels et les tentatives de remise en cause des meurtres commis par les dictatures.
Un exemplaire du guide de l’exposition offert par le Musée sera mis en jeu mardi 28 juin lors de notre concours hebdomadaire.
Absence (Ausenias)
Du 18 juin au 17 octobre 2016
Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère
Maison des Droits de l’Homme
14, rue Hébert, Grenoble
04 76 42 38 53
Entrée gratuite