Le Prunier Sauvage : quand la culture pousse sur le béton

Vendredi 3 juillet, Le Prunier Sauvage fête sa clôture de saison. Focus sur une structure militant pour l’émancipation par la culture.

Lieu de vie culturelle ancré sur le territoire du quartier Mistral, cette structure allie programmation artistique, éducation artistique et expression citoyenne.

Une programmation variée et pluridisciplinaire

La programmation de la salle de spectacle est résolument diversifiée : concerts, cafés-théâtres, spectacles « jeune public », projections… : le lieu se veut un espace d’expérimentations. En 2014, le Prunier Sauvage a même accueilli 14 musiciens et chanteurs de L’Opéra de Lyon dans le cadre du parcours « Découverte de l’Opéra ». Un projet qui a permis aux habitants d’aller assister à un spectacle à l’Opéra de Lyon et d’être initiés au chant lyrique : les habitants du quartier qui ont participé parlent encore de cette découverte.

Ce projet est emblématique des valeurs défendues par l’association Cultur’Act qui gère le Prunier Sauvage : un projet mené autour de l20150626 prunier2‘échange et de la rencontre entre des univers qui ne se seraient pas croisés spontanément.
Partant du constat que la culture est trop souvent synonyme d’exclusion pour ceux qui n’en ont pas les codes, l’équipe du Prunier Sauvage crée des liens avec d’autres structures culturelles de l’agglomération et élargit le champ des pratiques artistiques, pour que la culture dans les quartiers difficiles ne soit plus considérée comme une « sous-culture ».

Pour Brahim Rajab, directeur de Cultur’Act, « quartier difficile » rime avec « action sociale », la culture étant trop souvent délaissée. Le levier culturel, facteur d’épanouissement et d’émancipation de l’individu, n’est pas pris en compte et les actions proposées pour les jeunes sont majoritairement occupationnelles.
C’est pourquoi l’association a décidé d’ouvrir un orchestre pour les enfants du secteur.
Quinze enfants de 8 à 13 ans font partie de l’orchestre, ils apprennent à jouer d’un instrument et à travailler collectivement. La méthode d’apprentissage aussi est innovante : à travers le partenariat avec l’école de musique de Ouagadougou, les enfants alternent apprentissage basé sur des pratiques orales et corporelles avec les méthodes de lecture européennes.

Développer la créativité

D’autres projets s’inscrivent dans la durée comme le club des spectateurs : tous les derniers jeudis du mois, les habitants découvrent en avant-première les spectacles du Prunier Sauvage.
C’est l’occasion d’échanger avec les artistes autour d’un repas partagé. Les participants au club peuvent aussi participer au chantier artistique qui a lieu chaque année. Cette année, un Parcours cinématographique a été réalisé en partenariat avec la Cinémathèque de Grenoble. Le projet a abouti à la réalisation de créations visuelles autour du thème  » Comment se rêver dans sa ville aujourd’hui ».

Créer des espaces d’expression citoyenne

20150626 prunier3Tout en travaillant à la consolidation de ses activités phares (orchestre des enfants, club des spectateurs et partenariat avec le collège avec les compagnies en résidence artistique au Prunier Sauvage), Cultur’Act est en recherche permanente de nouvelles idées pour provoquer la rencontre de personnes venant d’univers différents.
Le directeur nous parle de l’envie de créer une université populaire, un espace d’accès au savoir et de débat. Un lieu où les habitants du quartier et du centre-ville se mélangeraient pour échanger avec des sociologues, des artistes sur des thèmes d’actualité. Il va falloir inventer d’autres formes d’échange, différentes de la conférence, pour que le public suive.

Favoriser l’échange

Pour Brahim Rajab, il y a urgence à recréer des espaces de parole. Au sein du quartier, il a vu l’évolution vers un repli par communauté. Les habitants ont tendance à se renfermer autour de leur communauté culturelle et ethnique, et la culture peut vraiment faire bouger les lignes, engendrer le questionnement.
Le festival Mistral Courant d’Air en est un bon exemple. Quand des compagnies de danse investissent l’espace public, elles questionnent le rapport au corps, l’égalité homme-femme…
Le festival n’a pas eu lieu cette année, par manque de financements. Un projet qui attire pourtant les habitants de Mistral et ceux d’autres quartiers de Grenoble.

Le Prunier Sauvage foisonne d’idées pour semer des chemins de culture hors des sentiers battus, et la réussite de ses projets montre bien la soif de découverte. Souhaitons que l’association puisse continuer à semer les graines du plaisir à se cultiver.

 

20150626 prunier4Clôture de la saison du Prunier Sauvage
Vendredi 3 juillet, à partir de 19h30
Plein Air dans le Parc des Champs Elysées (Bachelard)
Le programme de la journée de clôture
Facebook Prunier Sauvage