Dans sa nouvelle BD Le Temps des sauvages, Sébastien Goethals reprend le best-seller de Thomas Gunzing Manuel de survie à l’usage des incapables. Avec sa patte graphique, il donne une vie propre à cet univers de violences.
Inspiré par le roman de Thomas Gunzig Manuel de survie à l’usage des incapables, Sébastien Goethals nous emmène avec Le temps des sauvages dans une histoire d’anticipation peu réjouissante. Gouvernée par les grandes corporations, l’humanité sert le profit. Tout est privatisé, de l’eau de mer à la reproduction humaine, et cela va même jusqu’à une humanité génétiquement optimisée. En effet, dans cet univers, certains payent pour mélanger les gênes de leurs enfants avec ceux d’animaux, créant des humains au caractère proche du loup, de la loutre ou du serpent.
Man vs Wild
L’histoire suit Jean, la trentaine, jeune homme normal, un peu blasé, employé dans un supermarché. La mission qui lui a été confiée est de trouver des preuves pour renvoyer une vieille caissière, Martine Laverdure. La collecte d’information est facile grâce aux innombrables caméras de sécurité. Au moment de remercier la pauvre employée, rien ne se passe comme prévu puisque Jean la tue accidentellement. Malheureusement pour lui, la personne assassinée a quatre enfants. Et ces enfants sont… des hommes à l’apparence de loups, produits d’une modification génétique ratée. La chasse est ouverte et Jean est leur proie.
Dans Le temps des sauvages, Jean ne doit pas seulement échapper à une meute de loup mais aussi régler ses problèmes de mariage. En effet, outre les loups qui s’abandonnent à leur instincts de chasseurs, l’épouse de Jean, Marianne, vit elle aussi des événements qui vont changer la nature de leur relation.
Le petit manuel illustré
Une des particularités de cette bande-dessinée est sa narration aux multiples points de vues. Sébastien Goethals, par le biais de l’illustration, rend le tout cohérent. Pour chaque scène, des variations d’une couleur viendront compléter le noir et blanc. À chaque fois, ce procédé vient appuyer une action ou un sentiment. Pour les moments intenses, des teintes rouges rosées discrètes seront dominantes, tandis qu’une couleur bleue pâle viendra soutenir des ambiances moins agréables.
De plus, les personnalités de chacun des protagonistes sont symbolisées dans leurs traits. Les loups sont comme croqués, reflétant leur rage animale. La même technique est appliquée aux scènes violentes. D’un autre côté, la femme de Jean, aux gènes de serpents, est marquée de traits anguleux et réguliers, rappelant ainsi son tempérament sévère et calculateur.
Sebastien Goethals nous livre dans Le temps des sauvages une lecture personnelle d’une histoire aux allures de conte des frères Grimm futuriste. La morale ? Chassez le naturel, il revient au galop.
Le temps des sauvages
Sébastien Goethals
Éditions Futuropolis
266 pages
26 €