Pour lutter contre la précarité, des allocataire font preuve d’originalité : tandis qu’Alain Guézou marchait, Michel Catoire, lui, pédalait. En départ de Reims et aujourd’hui en Picardie, il nous explique sa démarche.
Michel Catoire a 51 ans tout juste, fêtés il y a quelques jours sur la route de Neufchâtel-en-Bray. Entre deux coups de pédales, ce rémois d’origine raconte son tour de France solidaire. Comme Alain Guézou, il se lance dans une démarche originale et proactive pour recentrer les débats sur un problème qui touche près d’un Français sur dix : le chômage.
Le problème du chômage, Michel le connaît : employé en logistique et fort de 30 ans d’expérience professionnelle, il a alterné entre contrats, chômage et bénévolat au samu social et à la Banque Alimentaire. En 2014, il devient auto-entrepreneur dans les transports en vélo-taxi et est depuis l’année dernière bénéficiaire de minima sociaux.
Pour lui, cette initiative est tout d’abord une aventure sociale et solidaire qui lui permet de rencontrer ses concitoyens. Michel Catoire a pris son vélo et une remorque pour son nécessaire à camping afin d’arpenter les routes du pays et parfois dormir à la belle étoile. Il pense qu’ainsi, il pourra amener le débat dans les villages et partager avec les habitants. Cependant, tout au long de son périple, il n’oublie pas ce qui l’a poussé à agir, et dépose des CV dans les entreprises et mairies croisées sur la route parce qu’on ne sait jamais, il pourrait aussi trouver un emploi.
En 2013, déjà Michel Catoire avait traversé la France sur son vélo, visitant 22 départements et 35 villes pour plus de 3000 km parcourus en tout. À l’occasion, il a aussi déposé près de 2 000 CV. Qu’est-ce qui a bien pu le pousser à recommencer cette année ? Pour lui, c’est d’abord pour prendre la « température » de la France. Son constat est, pour l’instant, que les gens lui semblent plus méfiants. De plus, la météo ne semble pas être de son côté cette fois-ci, mais Michel ne se décourage pas.
Michel Catoire rencontre sur la route des chômeurs et des allocataires, ce qui l’amène à penser que la pauvreté n’a pas diminué en France ces trois dernières années. Il se remémore aussi des personnes rencontrées qui seraient autant d’exemples de l’état de la précarité dans l’hexagone.
Enfin, si Michel Catoire entreprend ce tour de France à vélo, c’est aussi pour mettre en valeur des solutions qu’il pense envisageables. En effet, il appelle les Français à être solidaires et à garder un œil sur les expériences de revenu de base. Ce dispositif serait, pour lui, le meilleur moyen de lutter contre l’exclusion.
Aujourd’hui, Michel Catoire continue à pédaler à travers le nord de la France, non loin de Dieppe, et arrivera bientôt en Bretagne.