Lors du forum pour l’Emploi de Grand’Place, une conférence sur l’Economie sociale et solidaire (ESS) était proposée par Alpes Solidaires. Trois acteurs de ce secteur étaient présents pour témoigner de leur expérience. L’ESS est un secteur peu connu et pourtant vecteur d’emplois : 15% des emplois à Grenoble, 30000 salariés en Isère et deux millions en France. L’ESS concerne de nombreux domaines : sanitaire et social, animation environnement, culture, sport, banque, assurances, bâtiment…
Comment fonctionne l’ESS ?
Julia Lopez de l’association Alpes Solidaires a commencé la conférence en définissant ce qu’est l’ESS. Ce peut être des associations, des coopératives, des mutuelles ou des fondations. Au sein de l’ESS, la gouvernance est particulière car elle est collective et fait voeu d’unité sociale (une personne = une voix). La gestion y est désintéressée et l’humain demeure au coeur des projets.
Des témoignages
Trois acteurs de l’ESS ont ensuite fait part de leur expérience : Béatrice Hedouin Hallaf, co-gérante et consultante en ressources humaines de la Scop Actao Conseil ; Jean-Jérôme Calvier, directeur général adjoint du groupe d’insertion Ulisse et Christophe Baudoing, responsable du service handicap Depann’Familles.
Actao Conseil s’occupe de l’accompagnement de salariés (bilan de compétences, coaching, formation et VAE) et des ressouces humaines au sein de diverses structures. Ce sont essentiellement des psychologues du travail et des ingénieurs de la formation qui sont les salariés de cette Scop. Béatrice Hedouin Hallaf explique que c’est la dimension du collectif qui est importante dans l’ESS : les bénéfices financiers dégagés sont répartis entre les salariés, la réserve et les associés. Les stratégies sont toujours discutées en groupe. « Il y a un esprit démocratique et l’humain prime toujours sur le capital. »
Le groupe d’insertion Ulisse regroupe cinq structures : Grenoble Solidarité (chantiers d’insertion), Proxim’services (services aux personnes), Viae 38 (accompagnement à l’emploi), Emploi 38 (association intermédiaire pour l’insertion) et E3I (entreprise de travail temporaire d’insertion dans le BTP). L’association Ulisse compte plus de 500 salariés. Jean-Jérôme Calvier explique que l’ESS est surtout une question de partage de valeurs. Avant, il travaillait comme ingénieur scientifique dans une multinationale mais cela ne lui convenait pas. Il s’est formé dans la gestion d’entreprise dans l’ESS et a ensuite trouvé progressivement sa place au sein d’Ulisse. Pour lui, ce qui est bien dans l’ESS est que cela fonctionne sur le collectif et les partenariats. « L’individualisme n’a pas sa place dans ce type de structure. »
L’association Dépann’Familles existe depuis 21 ans. Elle s’occupe de garde d’enfants d’urgence. Il y a 10 ans, un service handicap a été créé en plus. Il regroupe dix éducateurs spécialisés qui s’occupent d’intervenir à domicile auprès d’enfants handicapés. Christophe Baudoing explique qu’il est arrivé dans l’association un peu par hasard mais que c’est cet « esprit associatif » qu’il aime dans son travail, « il n’y a pas l’esprit d’entreprise ». Les activités à Dépann’Familles ont une vue sociale et la convivialité est une valeur très présente au sein de la structure, ce qui donne de bonnes conditions de travail.
Comment trouver un emploi dans l’ESS ?
Julia Lopez a donné les cinq points essentiels. Premièrement, il faut repérer les structures, notamment sur le site de Alpes Solidaires. Deuxièmement, il faut faire jouer l’effet réseau en se rendant aux réunions et aux événements organisés par les structures de l’ESS. Troisièmement, il est possible d’expérimenter en devenant bénévole au sein d’associations. Quatrièmement, un espace personnel peut être créé sur des réseaux sociaux spécifiques comme Rhône-Alpesolidaires ou MyCoop. Enfin, des offres d’emploi tombent tous les jours et sont visibles sur les sites de la plateforme Rhône-Alpesolidaire ou sur des sites nationaux comme www.jetrouveunjobsolidaire.fr ou www.ressources-solidaires.org.
L’ESS tend à se développer et touche de nombreux domaines. Mais est-elle applicable à d’autres secteurs tels que l’industrie ou le commerce ? Quelles peuvent-elle être les incidences du développement de l’ESS sur l’économie en général ? N’est-ce pas un modèle appliqué ou applicable en entreprise ? Le développement de telles structures posent des questions plus larges sur la fonction sociale de l’humain à travers l’emploi. Reste à savoir jusqu’où ira ce développement.
