Les bénéficiaires du RSA plus durement touchés par les problèmes de santé

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistique (DREES) du ministère des Affaires sociales et de la santé vient de publier une étude sur la santé des allocataires du RSA.

Après les rapports de 2003 et 2006 sur les bénéficiaires des minima sociaux, la nouvelle enquête que vient de plublier la DREES comprend un volet sur la santé qui se penche sur les difficultés physiques et psychiques des bénéficiaires,en même temps qu’elle étudie leurs recours à la couverture médicale ou leurs renoncement aux soins.

Le profil particulier des bénéficiaires du RSA en termes de santé…

Concernant l’état de santé en général, si 77 % de la tranche 18-59 ans de la population ordinaire déclarent être en « bonne » ou « très bonne » santé, seuls moins de 60 % des bénéficiaires du RSA se déclarent en bonne santé sur cette tranche d’âge. Et la part des bénéficiaires du RSA qui se déclarent en « mauvaise » ou « très mauvaise » santé est de trois à quatre fois supérieure à la population générale.

Parmi les caractéristiques relevées dans l’étude, ce sont les femmes et les seniors qui sont les plus nombreux à se déclarer en mauvaise santé. L’enquête révèle également que chez ceux qui ont Bac, Bac+2 ou plus l’état de santé est proportionnellement meilleur que pour ceux qui ne déclarent pas un niveau d’études. L’enquête révèle aussi que ceux qui sont propriétaires de leurs logement se déclarent moins souvent malades que ceux qui ne le sont pas. Par contre, pour l’ensemble des enquêtés, la consommation intensive de tabac augmente considérablement la probabilité de se déclarer en « mauvaise santé ». L’analyse de l’enquête révèle également que les personnes bénéficiaires de la CMU sont proportionellement plus nombreuses à se déclarer en mauvaise santé que ceux qui bénéficient d’une autre couverture médicale. Un niveau de vie plus élévé peut ainsi expliquer une meilleure santé.

L’enquête permet aussi de cibler des différences statistiques entre les bénéficiaires des différents types de RSA perçus. Ainsi les bénéficiaires du RSA socle sont 20 % à se déclarer en mauvaise santé, soit le double de ceux qui bénéficient du RSA activité. Et parmi les 20 % des bénéficiaires du RSA socle se déclarant en mauvaise santé, un tiers se dit « limité » ou « très limité » par la maladie au quotidien.

L’enquête sur la santé des bénéficiaires du RSA prend aussi en compte les difficultés psychologiques. L’étude relève une corrélation entre le facteur travail et la difficulté psychologique : moins d’un tiers des bénéficiaires du RSA activité sont évalués comme sujets à des problèmes psychologiques, contre 40 % des bénéficiaires du RSA socle.
 

…et un rapport aux soins spécifique

L’étude de la DREES s’est aussi penchée sur le rapport aux soins des bénéficiaires du RSA. Il apparaît que par rapport à la population générale les bénéficiaires du RSA sont plus nombreux à renoncer aux soins : 18 % des bénéficiaires ne vont pas chez le médecin pour des raisons financières, contre 4 % de la population ordinaire, et 27 % des bénéficiaires du RSA renoncent aux soins dentaires, toujours pour des motifs financiers, contre 11 % de la population ordinaire. Les allocataires du RSA activité sont beaucoup plus nombreux à renoncer aux soins que les allocataires du RSA socle. En effet, plus d’un allocataire du RSA activité sur quatre a renoncé à des soins sur l’année qui vient de s’écouler, contre un allocataire du RSA socle sur six. Les soins dentaires illustrent particulièrement cet état de faits : 34 % des bénéficiaires du RSA activité ont renoncé à des soins dentaires, contre 25 % pour les bénéficiaires du RSA socle. C’est le fait que les bénéficiaires du RSA socle sont beaucoup plus nombreux à être couverts par la CMU-C que ceux du RSA activité qui pourrait expliquer ces chiffres.

L’enquête conclut en remarquant que le renoncement aux soins de santé n’est pas la seule privation subie par les allocataires du RSA. 62 % renoncent à des vacances, 52 % à des frais d’habillement, 31 % à des invitations à domicile. Le renoncement aux soins s’inscrit donc dans une situation de précarité globale, révèle l’étude. Peut-être faudrait il, pour commencer à endiguer cette précarité, étendre les droits réservés aux bénéficiaires du RSA socle aux bénéficiaires du RSA activité, au titre d’un droit aux soins qui ne devrait pas faire l’objet d’un renoncement.