En collaboration avec les Musées de la civilisation à Québec et d’Avataq, l’institut culturel du Nunavik, le Musée dauphinois présente l’histoire fascinante des Inuit du Nunavik. Grands frissons en perspective !
Un monde séculaire bouleversé
Migrant d’Asie par le détroit de Béring il y a environ 8 000 ans, les Paléoesquimaux pénètrent la vaste région arctique avec pour unique impératif la survivance face aux implacables adversités du climat où la nuit fait défaut. L’exposition temporaire présente cette lutte acharnée dans cet univers glacé. Elle donne à voir une exceptionnelle collection de pièces archéologiques ainsi qu’un panel étonnant d’objets du quotidien dont un assortiment de vêtements de peaux présentés pour la première fois.
Leurs rencontres avec les premiers Européens au XVIe siècle ont remis en question les fondamentaux de ces populations et se sont progressivement soldées, comme pour bien des peuples nomades, par des campagnes de christianisation et une sédentarisation forcée. Au XXe siècle, cependant, les Inuit (les humains, en langue unit l’inuktitut) et non plus la dénomination péjorative d’Ésquimaux (les mangeurs de viande crue) ont enfin obtenu la gouvernance d’un territoire : le Nunavik.
Autrefois nommé le Nouveau-Québec, il se situe au nord du 55e parallèle et couvre une superficie d’environ 507 000 km² de lacs sculptés par les glaciers, de toundra et de forêt boréale. Isolés dans cette immensité glacée, 11 000 Nunavimmiuts, dont 90 % d’Inuit, cohabitent le long des côtes dans 14 villages nordiques et s’organisent pour tenter de s’auto-administrer. Les enjeux sont cruciaux : 50 % de la population a moins de 20 ans, l’endettement et le chômage domine, la consommation d’alcool et de drogues fait des ravages…
L’appel du Grand Nord
L’exposition répond judicieusement à l’actuel engouement artistique et culturel pour les peuples du froid en immergeant le visiteur dans une expérience étudiée de l’espace arctique : sols et meubles de présentation immaculés, festonnés de miroirs pour donner l’illusion de la glace, reconstitution d’un d’igloo… Logiquement, le cheminement se pare de bruitages continus témoins du mouvement perpétuel de la banquise. Dans le monde polaire, le silence n’existe pas.
Ainsi, comme avec la rencontre saisissante avec le fameux ours polaire, le visiteur fait connaissance avec un univers fantomatique étrangement lent en compagnie de sublimes sculptures en stéatite (pierre locale). À l’aide de photographies, de très nombreux commentaires audio et d’un film documentaire de leurs médias locaux en toute fin de parcours, le visiteur réussit à s’imprégner pleinement de cette culture ancestrale atypique. Une visite réaliste… le froid polaire en moins !
Le Nunavik abrite encore des paysages forestiers intacts aujourd’hui disparus des zones tempérées de la planète. Malheureusement, c’est aussi une des régions du monde qui pourrait subir de plein fouet les effets du réchauffement climatique, d’autant qu’ils doivent faire face aux convoitises du monde occidental. Aussi, afin de préserver leurs ressources minières, énergétiques et préserver leur faune, ils ont rédigé en 2015 la déclaration des inuit de Nunavik.
En marge de l’exposition, le musée Dauphinois propose de rencontrer plusieurs artistes qui sculpteront la pierre devant le public et de participer à des échanges sur l’actualité culturelle inuit à partir de films, de tables-rondes ou de concerts… Comme à l’accoutumée une « exposition-tiroir » à multiples facettes à ne pas manquer.
Nunavik, en terre inuit
Entrée libre
Exposition temporaire du 24 mars 2016 au 2 janvier 2017
Musée dauphinois
30 rue Maurice Gignoux, Grenoble
04 57 58 89 01