Après un début de carrière dans l’action sociale à Paris, Matthieu Angotti œuvre dès 2014 comme directeur du CCAS de Grenoble. Il s’est adapté à ce nouvel éco-système local.
Matthieu Angotti n’a pas 40 ans, mais presque. Tout comme Éric Piolle, il est né dans les années 70, il porte la chemise ouverte et sans cravate, prône le vélo électrique comme mode de conduite. L’homme, professionnel avant tout. Pas du genre à se livrer sur sa vie familiale. Pourtant, le directeur actuel du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) aura partagé des moments très personnels de sa vie de famille dans la bande dessinée “Désintégration” (éditions Delcourt), dans laquelle il raconte son expérience de conseiller à Matignon.
Plusieurs vies en une
Qui d’autre que Robin Recht, dessinateur et ami de la famille depuis 15 ans pour réussir à le convaincre ? À l’origine, il lui propose de prendre des notes sur sa nouvelle mission de conseiller auprès du Premier ministre. Matthieu Angotti, comme d’autres conseillers, est enthousiaste, fasciné par cette opportunité d’une vie. Pendant un an et demi, il se donne sans relâche et tente de faire le grand pont entre coups de fils inopinés dans la nuit, vie de famille avec sa femme et ses 3 enfants, plus écriture d’un journal de bord. Hors-norme.
Cette habitude de noter les anecdotes du quotidien sur papier, téléphone ou ordinateur, ont permis au bosseur modeste de “souffler et prendre du recul” sur les moments difficiles. Une “béquille” sur cette vie d’actions incessantes. Depuis 2014, il a retrouvé un air plus sain et serein à Uriage. Une demi-heure de trajet pour aller travailler, qu’il aimerait faire en vélo électrique. Il a fait la demande du véhicule à la mairie. Son recruteur, Éric Piolle, aura au moins fait un adepte, même si déjà à Paris le vélo était de mise.
De l’engagement dans les projets
“J’aime bien quand il faut bagarrer, quand ça frotte un peu”, explique Matthieu Angotti à propos de son travail. Pour faire avancer des projets à Grenoble, il explique devoir “se battre dans le sens positif, pas contre les gens, mais pour un effet d’entraînement, qui n’est pas facile à avoir”. Il est homme de défis. Et tout à la fois, reste humble dans son action au CCAS. “Que le CCAS n’explose pas financièrement, que la boutique tourne, que les agents soient heureux d’être au boulot, c’est la première mission d’un directeur”.
S’adapter aux finances
Quasiment dès son arrivée à Grenoble, il savait que la situation financière allait être difficile. Le CCAS a contribué au plan de sauvegarde qui touche les services de la ville. Devant ce moment “douloureux”, Matthieu Angotti est tenace. La baisse de moyens a créé, sans aucun doute, des souffrances, des fermetures de services, mais pour lui l’essentiel est de “garder le sens de l’action, et un regard de bienveillance”. “On s’accroche, on tente de garder l’essentiel, et des marges d’innovation”, explique celui qui a aussi connu des budgets serrés à Matignon. Il a su s’adapter aux spécificités locales : les traits d’un caméléon ?