De son année passée au Bon Plan en tant que rédacteur, Mayeul ne se souvient de rien de précis, pas même des articles qu’il a écrits. Quelques flashs surgiront au cours de la conversation, comme les discussions animées autour du café du matin, mais ses efforts pour se souvenir resteront infructueux.
C’était il y a longtemps certes – le milieu des années 90 – mais Mayeul le dit bien, il est passé à tout autre chose depuis. Ce qui est sûr, c’est que ce passage au Bon Plan aura été une étape déterminante dans son parcours de vie. Jusque-là, après l’abandon de ses études d’histoire, il n’avait connu que les petits boulots, puis une période de chômage qui l’avait assez vite conduit à être bénéficiaire du RMI. Le Bon Plan lui aura permis de ne pas perdre pied en le maintenant en activité, qui plus est dans un domaine qui l’intéressait.
Ayant toujours été très politique et revendicatif, il trouve ainsi l’occasion de s’exprimer sur des thématiques qui concernent les personnes en situation de précarité. De sa plume incisive, il rédige ainsi plusieurs éditos, des billets d’humeur aussi. Il s’occupe également de gérer le fonds documentaire du Bon Plan et apprend beaucoup de ses lectures et de ses investigations de terrain. Parallèlement à son activité au Bon Plan, Mayeul s’engage dans l’action collective en rejoignant le comité de chômeurs-précaires qui vient de se monter à Grenoble. Il participe aux actions des « Robins des bois de l’énergie » qui s’opposent aux coupures d’électricité imposées aux ménages en difficulté de paiement et entre en contact avec la CGT où il ne tarde pas à se syndiquer. Il trouve ainsi à canaliser sa révolte contre les injustices sociales et à inscrire dans le temps un militantisme qui l’a toujours habité.
Aujourd’hui, Mayeul est permanent syndical à la mairie de Grenoble et s’investit auprès des sans-papiers. Solidarité reste son maître mot et le moteur de sa vie.