À Grenoble, l’association Mille Pousses développe l’agriculture en milieu urbain dans une démarche sociale et solidaire. Après une expérimentation au centre horticole, cette ferme, spécialisée dans la production de micro-pousses, s’est implantée en 2021 au sein du parc Lesdiguières. L’association, conventionnée « entreprise d’insertion », propose à des personnes éloignées de l’emploi de faciliter leur insertion professionnelle par des contrats salariés sur des activités de maraîchage et un accompagnement socioprofessionnel. Un projet qui porte ses fruits, puisqu’en 2025, Mille Pousses ouvrira un second espace de production près de Grand’Place et Alpexpo.
Des micro-pousses pour générer des emplois
À Mille Pousses, c’est une équipe de cinq à six personnes qui fait vivre la ferme : Isabelle Robles, directrice et fondatrice, et Fantine Kambouchner, encadrante technique d’insertion1, pilotent toutes deux l’activité et encadrent les trois salariés en insertion (jusqu’à quatre pendant la période estivale). Implantée sur une surface de 2500 m², un espace à la fois grand pour une ville mais petit pour du maraîchage, Mille Pousses a, avant tout, un objectif d’emploi, car l’association aspire à créer le plus d’emploi possible au sein de sa ferme. Dès lors, ce sont des produits à forte valeur ajoutée qui y sont cultivés : micro-pousses, aromates, fleurs comestibles, mini-légumes et quelques productions maraîchères classiques poussent ainsi à foison dans les serres et les jardins de la ferme. Ces cultures plaisent particulièrement aux restaurateurs et permettent à l’association de pérenniser son activité.
Une approche en faveur de l’inclusion sociale dans le secteur du maraîchage
Dès l’origine du projet, Isabelle Robles aspirait à aménager, au cœur de la ville, une ferme qui favoriserait l’inclusion sociale en employant des personnes en insertion professionnelle. L’association s’attache ainsi à former des personnes sur des activités de maraîchage et horticulture dans le cadre de contrats d’insertion. Grâce à ces contrats d’une durée de 6 mois renouvelables jusqu’à 2 ans maximum, les personnes accueillies bénéficient d’un accompagnement pour bâtir leur projet professionnel, avec la possibilité d’effectuer des stages ou de suivre une formation en parallèle. Depuis son installation au Parc Lesdiguières, Mille Pousses a accueilli une quinzaine de salariés en insertion. Ces derniers participent aux différentes étapes des activités agricoles : semis, entretien des cultures, récolte, conditionnement, livraison et vente des produits.
Des personnes venues d’horizons très variés et qui questionnent leur chemin professionnel, comme l’énonce Fantine Kambouchner : « Nous accueillons tous niveaux d’études et aussi bien des personnes aux parcours professionnels longs qu’aux parcours professionnels naissants. Nous avons eu des personnes qui avaient déjà suivi des formations agricoles et d’autres qui n’y connaissaient rien. » Et au sein des équipes, cette diversité est perçue comme une richesse. Carla, une salariée en insertion, témoigne : « C’est une expérience riche dontil est possible de retirer beaucoup parce qu’on est une petite équipe avec des profils très différents. »
Lors du recrutement, Isabelle Robles et Fantine Kambouchner sont surtout vigilantes à ce que la personne souhaite travailler dans le maraîchage ou au moins en extérieur, quelle que soit son expérience préalable. « Parmi les personnes qui viennent travailler ici, certains ont vraiment envie de découvrir le maraîchage ou de renforcer leurs compétences, » décrit Fantine Kambouchner. « Pour d’autres, c’est plus une envie d’être dehors et ils ne se dirigent pas forcément vers des métiers du maraîchage au terme du contrat. Il n’y a pas d’obligation en réalité. »
L’accompagnement des personnes en insertion
Au-delà des compétences techniques, l’insertion par l’activité économique offre un accompagnement global. Les salariés de Mille Pousses bénéficient ainsi de rencontres régulières avec un conseiller en insertion2, avec pour objectif la construction d’un projet professionnel. Pour Fantine Kambouchner, le contrat d’insertion s’avère une opportunité précieuse : « Parfois les gens trouvent que le contrat d’insertion est stigmatisant, alors que c’est une chance, en réalité. On a tous besoin dans notre vie d’avoir le droit d’apprendre de manière progressive, de faire des stages ou des formations pour découvrir de nouveaux domaines. Et c’est aussi une chance d’avoir un accompagnement pour le faire. »
En outre, Isabelle Robles et Fantine Kambouchner accordent une grande importance à l’écoute et à l’adaptation aux besoins de chacun au sein de la ferme. « Il y a une réelle volonté de donner aux personnes en insertion un espace pour se découvrir. On peut parfaitement réussir à se trouver ici car une singularité est donnée à chacun, » apprécie Clara. Cette approche permet ainsi à Mille Pousses de devenir bien plus qu’un lieu de travail : un espace où chacun peut s’épanouir.
1 L’encadrant·e technique participe à l’accueil, à l’accompagnement socioprofessionnel et au suivi des salarié·e·s d’une structure d’insertion, tout en organisant l’activité et en encadrant l’équipe.
2 Pour découvrir l’activité de conseil en insertion, consultez le portrait Magali Merle qui a exercé en tant que conseillère en insertion professionnelle au sein du chantier d’insertion Impact/Le Bon Plan.
© Crédit photos : Floriane Bajart pour Impact/LeBonPlan