Le SMTC est un acteur essentiel du déplacement sur Grenoble et son agglomération. Propriétaire du réseau de la TAG, c’est lui qui gère bus et tramways sur notre périmètre urbain. Dans le cadre de notre grand dossier sur la mobilité, Le Bon Plan a rencontré son nouveau président, Yann Mongaburu (également conseiller municipal à la ville de Grenoble).
Le SMTC (syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération grenobloise) s’est créé dans les années 1970, avec l’ambition du Conseil général de developper les transports collectifs dans l’agglomération grenobloise. Aujourd’hui, le SMTC ne se contente pas seulement d’organiser globalement les transports dans notre périmètre urbain mais conduit toute une réflexion sur la question, cherche à inover, à proposer de nouvelles solutions de transports alternatifs. Bref, le SMTC pense véritablement ce qu’il met en place. Yann Mongaburu, président du SMTC résume : « Il faut que l’on arrive à avoir cette vision globale sur combien coûtent, comment se financent et pour quel usage, et avec quelle efficacité, les déplacements dans l’agglomération. Ma clef d’orientation c’est de ne pas penser seulement en terme de transports collectifs, mais penser plus largement en terme de mobilité. Il faut arrêter d’opposer la voiture au tramway et le tramway au vélo et le bus à la marche à pied. Il faut mettre en place des politiques publiques qui permettent que chacun ait la solution de déplacement la plus efficace, la plus rapide, la moins chère et la moins polluante, et de tenir cet équilibre là. Et en fonction de ce que l’on fait, le mode de transport le plus efficace n’est pas forcément le même. Donc il faut penser l’articulation entre ces différents modes de déplacements. Il faut que nous arrivions à penser globalement. ».
Pour penser la mobilité à Grenoble, le SMTC entend travailler sur les modes de transports (bus, tram, vélo, voiture…), d’une part, renouveller les réseaux de transports existants d’autres part, et enfin travailler les aménagements de voirie nécessaire pour adapter la ville à l’évolution des transports.
Travailler sur les transports
A l’heure de l’inauguration de la ligne E, qui témoigne d’une politique de transport en expansion, on rappelle au SMTC qu’il n’y a pas que le tram. « On réfléchit beaucoup en termes de tramway, qui est un outil très adapté pour certains modes de déplacements. Mais pour d’autres types de déplacements le tramway n’est pas la réponse à tout. ». Le vélo, par exemple, est lui aussi un élément important dans la vision du SMTC. « A Métrovélo on va passer cette année le cap des 5000 vélos disponibles à la location, ce qui prouve l’efficacité du modèle que l’agglomération a choisi. On a une culture du vélo qui se développe très vite dans le centre de l’agglomération. Nous travaillons sur une diffusion de la culture du vélo. Il faut convaincre nos concitoyens de faire un usage autre que celui de la voiture. ».
A coté du tram et du vélo, reste aussi une place pour le bus. « Le bus a peut-être été un peu délaissé, mais au premier septembre prochain il y aura une restructuration du réseau qui fait que les bus vont reprendre toute leur place. Avec les lignes »Chrono » on sera sur une même fréquence et les mêmes horaires, y compris nocturnes, que les tramways. Celui-ci peut donc être la solution la plus efficace pour les usagers. ». Enfin, la voiture conserve, dans certaine limites, sa légitimité. « La voiture a sa place, mais il faut qu’elle ait sa juste place. Il y a des déplacements pour lesquels la voiture est le mode le plus efficace et pour lesquels elle le restera. Il est difficile d’envisager, pour un artisan ou un commerçant, de ne pas utiliser ce mode de déplacement. Mais certains usagers ont recours à la voiture pour des déplacements où elle n’est pas la plus efficace, parce qu’il n’y a pas d’offre alternative. Il faut que la collectivité puisse répondre à cette demande. ».
Amenager les réseaux
Pour améliorer l’offre de transports alternatifs, le SMTC envisage d’ouvrir de nouvelles lignes, et notament de nouvelles lignes de bus. « Les lignes »Chrono » permettront d’avoir des lignes de rocade. On avait jusqu’à maintenant un réseau très structuré vers le centre de l’agglomération, ce qui ne facilitait pas les déplacements entre communes de la première couronne. Il y aura par ailleurs des lignes ‘Proximo », des lignes de proximité, qui permettront des déplacements de jonction de communes, et des lignes ‘Fflexo » qui desserviront les territoires les moins denses dans le cadre d’une extension du périmètre de la Metro, avec des passages réguliers aux heures de pointe et des dessertes scolaires. 99 % de la population sera desservie au premier septembre par une solution de transport.».
Aménager les réseaux, cela veut dire aussi aménager la voirie, qui est un élément essentiel du problème de la mobilité. Au SMTC, on commente : « La Métropole fait attention à ce que l’ensemble des déplacements soient respectés dans la voirie : le piéton, le cycle, l’automobiliste, il faut que chacun ait sa place. D’autre part, il faut permettre la connexion entre les différents modes de déplacements, les lignes de tramway, les lignes de bus, etc. Il faut repenser les gares en termes de pôle multi-modal, pour que l’on puisse facilement passer d’un mode de déplacement à un autre. Il y a aussi les parkings-relais. Il y en a qui fonctionnent très bien. La première question c’est leurs lieux d’implantations. Il faut aussi qu’il soit un lieu où l’on peut basculer facilement vers d’autres modes de déplacements. Pour nous il faut travailler prioritairement dans les trois branches de l’ Y grenoblois parce que c’est là qu’il y a encore beaucoup de parts modales de la voiture. ».
Comme on le comprend, le SMTC se donne tous les moyens de renouveller efficacement le transport dans notre agglomération. Encore faut-il que les usagers suivent. Et cela aussi est un objectif pour le SMTC. « La plupart des habitants n’ont pas conscience que la voiture est le mode de transport le plus lent, pourtant c’est la réalité. Il y a des progressions à faire en terme d’information et d’accès à l’information, pour que l’habitant puisse calculer le coût et le temps de son transport. C’est aussi un enjeu. ».
L’enjeu ? Une organisation humaine profondément modifiée dans l’avenir. « Il faut progresser sur l’articulation entre les déplacements, l’urbanisme, le logement et les activités économiques. Il faut qu’on arrive à réfléchir à une organisation du territoire et planifier de manière à ce que l’ensemble des activités soit moins concentré sur le centre de l’agglomération, et cela nécessite moins de déplacements. Ca peut être une façon de vivre mieux. On pourrait envisager d’installer les entreprises d’une manière plus diffuse. Il faudrait aussi favoriser le commerce de proximité plutôt que la grande distribution. Ce serait permettre des déplacements de proximité, plus simples et plus agréables, moins coûteux. Ces questions sont importantes. Ce n’est pas seulement un problème d’infrastructure, mais une question de mode de vie. ».