Parce que le mal-logement n’est pas qu’une question hivernale, c’est le 3 juillet que se tenait la cérémonie des Morts de Rue.
Le silence, mais la colère
« Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps… », c’est sous le parrainage inspiré de Brassens qu’a débuté la cérémonie des Morts de la Rue, au jardin de ville de Grenoble, jeudi 3 juillet. Occupant les abords d’un kiosque orné de slogans explicites, associations et particuliers venaient rendre hommage aux disparus de l’année, sans-domiciles ou personnes en situation de mal-logement qui ont fini par succomber à la rue.
Si la cérémonie est vouée au recueillement, et si les témoignages des différents intervenants qui se sont succédé au micro étaient bien souvent emplis d’émotion sinon de larmes, le collectif des Morts de rue n’oubliait pas que parler des morts est aussi l’occasion de parler des vivants, de relayer la colère de ceux qui vivent encore dans des conditions d’habitat dégradées, et dégradantes. Ainsi, à la minute de silence succédera une minute de cri, un cri sourd et s’amplifiant qui exprime à lui seul la dignité des défunts de la misère.
La présence d’Alain Denoyelle, nouveau président du CCAS, est évidemment l’occasion de s’interroger sur les logements ou les bureaux demeurant vides quand tant de personnes sont en recherche d’une solution de logement, ou de rappeler l’insalubrité souvent soulignée de certains foyers. En prenant le micro, l’Adjoint à l’action sociale de la nouvelle municipalité a choisi de ne pas s’égarer dans de veines promesses. Et s’il n’a pas souhaité prendre la parole, beaucoup auront remarqué qu’Éric Piolle, maire de Grenoble, faisait partie du public de la cérémonie.
Après cet hommage fait de témoignages, de peintures et de chansons, les participants ont été invités à suivre le cortège qui se rendait au carré commun du cimetière du Petit Sablon, portant la Passerelle, construction mémorielle qui, à l’image du « Bateau-Mémoire » l’année dernière, marque le souvenir des disparus et porte en lui ce lien qui unit les vivants et les morts, chacun d’un côté de la berge mais que jamais l’oubli ne sépare.