New Deal for Europe : combattre ensemble le chômage des jeunes

« Nous sommes d’accord, » a affirmé François Hollande lors d’une conférence de presse le 28 juin à Paris. D’accord pour combattre le chômage des jeunes européens qui touche en moyenne 25% de personnes entre 19-25 ans. Le projet est né de la coopération franco-allemande mais sera proposé à l’application à l’échelle européenne. De quoi s’agit-il ?

D’abord un constat : aujourd’hui l’Europe compte 6 millions de chômeurs parmi les jeunes de 19-25 ans (sauf étudiants). Autrement dit, en France, le chômage touche 25% de personnes dans cette catégorie, en Italie et au Portugal on arrive à 40%, en Espagne et en Grèce, 60% des jeunes sont sans emploi.

Pourtant, l’emploi existe. Simplement, les postes ne se trouvent pas simplement au même endroit que les chômeurs. C’est pourquoi, en 2012, presque 29 000 Espagnols sont partis à la recherche d’emploi en Allemagne. Le programme veut donc travailler avec trois leviers principaux : apprentissage, mobilité et aide aux PME.

Le projet veut investir dans des programmes d’échanges. Outre des échanges universitaires, l’idée est de soutenir une sorte « d’Erasmus des apprentis » qui devrait encourager des salariés à se déplacer pour le travail. Afin de faciliter la mobilité, des cours de langue et des aides au déplacement devraient être proposés au public jeune.

De même, le concept reconnaît une grande utilité des PMI et des PME en création d’emploi et prévoit de faciliter l’accès au crédit pour ces entreprises via la Banque publique d’investissement (BPI). L’Union européenne a déjà prévu de libérer 6 milliards d’euros dans un fond pour atténuer les effets des mesures d’austérité d’ici à 2020. La BPI pourrait s’appuyer sur cette somme pour lever jusqu’à 60 milliard d’euros de prêts aux entreprises qui s’engageront à former et à recruter des jeunes.

Émerge aussi une proposition de « garantie jeunesse », une sorte de règle selon laquelle un jeune ne devrait pas rester plus de quatre ou six mois au chômage sans trouver une solution adaptée à son cas : emploi, formation, stage…

Qu’en pensent les experts? D’abord les opinions positives : il est symbolique d’essayer de traiter la situation au niveau européen, notamment dans des temps où l’Europe a été beaucoup remise en question. En plus, c’est un projet qui part dans la bonne direction même s’il ne pourra pas à lui seul complètement régler le chômage de jeunes.

En revanche, le budget alloué aux actions est le vrai talon d’Achille du projet. 6 milliards représentent qu’environ 0,06 point de PIB de la zone euro, une somme dérisoire qui ne pourra pas suffire pour faire tourner le mécanisme.

Certains rappellent qu’un projet destiné à faire partir les gens en alternance à l’étranger existe déjà depuis 1995 sous le nom Leonardo (cousin d’Erasmus, le programme le plus connu des échanges universitaires). Il reste cependant peu utilisé. Pourquoi cela devrait-il changer? Philippe Manière, Directeur de Footprint consultant, prévient que la mise en œuvre d’un tel programme peut être compliquée par des barrières linguistiques intransigeantes pour les apprentis.

Économiste à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), Christophe Blot suppose que la migration européenne ne pourra jamais se généraliser et restera majoritairement accessible aux personnes hautement ou au contraire très peu qualifiées. Et surtout, il n’y a plus tant besoin de crédits accessibles mais d’une vraie reprise économique. Sans la création de nouveaux marchés et l’existence d’investissements potentiels, les entreprises ne pourront pas se développer et n’auront pas besoin de recruter.

Réel projet européen ou coup de pub pour faire semblant ? Il faudra attendre la suite. Prochaine étape : le sommet européen en juin.

 

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