Nikodem aime les images. Les voir, les contempler, mais surtout les fabriquer. Il utilise un maximum de supports et de techniques trouvant dans chacun d’entre eux un terrain d’exploration où il aime se perdre pour mieux y tracer lui-même son propre itinéraire.
Il aime les images.. Mais il refuse les clichés, ces idées arrêtées et aperçus paresseux qui s’arrêtent à la surface des impressions sans offrir la promesse d’une réflexion ou d’un débat. Dans cette catégorie, il range les banalités énoncées concernant les allocataires des minima sociaux, assimilés à des assistés profiteurs peu enclins à faire évoluer leur situation. « Lorsque j’entends des discours pointant du doigt ceux qui touchent le RSA, j’ai vraiment envie de réagir par rapport à cette contre-vérité ! » Lui, c’est le RMI qui lui a permis d’affronter les périodes sans boulot, sans salaire, sans argent. « Quand j’étais rmiste, j’ai fait énormément de prestations gratuites. C’était presque comme une bourse d’étude. Cette pension me garantissait un minimum pour vivre et me permettait de perfectionner mon travail. C’est durant cette période que mon boulot a été reconnu.Le RMI m’ a permis de manger, de payer mon loyer et grâce à cela j’ai pu faire ma promotion en échange de rien.»
Plan de formation artistique
Le Bon Plan, il y est venu après une formation de dessinateur à l’école Emile Cohl de Lyon achevée en 1996. Depuis il semble ne pas avoir cessé de travailler. Une volonté et une créativité comme moteurs et curriculum vitae, il vient au Bon Plan commettre quelques illustrations, inscrivant ce passage dans un plan de formation qu’il se plaît à peaufiner. Soucieux de préserver sa démarche artistique, il refuse de s’engager dans des travaux purement alimentaires qui constitueraient selon lui des voies de garage nuisibles à ses intentions esthétiques. Il préfère affiner sa démarche, faire reconnaître son travail plutôt que de perdre sa vie à la gagner. Ainsi, en attendant de vendre des toiles, il réalise des fresques gratuitement : « Je ne faisais pas rien du tout ! Je faisais énormément de choses ! Je ne voulais pas que ma vie soit un enfer. J’ai pu créer mon activité. » Des efforts récompensés progressivement par une reconnaissance qui dépasse les frontières. Son site témoigne d’une activité incessante, d’un mouvement créatif perpétuel qu’il a su enclencher durant ses années de galère.
Travailleur acharné
Son atelier, installé dans un bâtiment qui constitue un collectif d’artistes, appelé Utopia, baigne dans ce désordre apparent, mettant en évidence une démarche créatiive qui se nourrit des expériences diverses et qui cherche de nouveaux terrains d’exploration, de nouveaux supports. La commande côtoie une esquisse, un essai ou un projet esthétique militant. Le matériel à sérigraphie et les tubes de peinture voisinent avec des outils informatiques. Tous les supports sont bons pour s’exprimer et l’esprit de découverte plane dans cet agréable capharnaüm qui propose de multiples parcours-découvertes dans sa démarche artistique. Et le constat s’impose de lui-même : Nikodem n’a jamais cessé de travailler. Même lorsqu’il fut allocataire du RMI. Un parcours qui suffit à balayer les idées reçues et le clichés faciles.