On est plus fort ensemble…

C’est une évidence, et pourtant entre économie libérale, crise économique et solitude, on tend à croire que le sens de la communauté n’existe plus. Est-ce une réalité ? Ou sommes nous trop centrés sur nos problèmes pour voir la solidarité autour de nous ?

Bruno Boyer, accompagnateur à la vie associative de la maison des associations de Grenoble, nous explique que si le système capitaliste nous paraît si familier c’est parce qu’il est très médiatisé, constamment présent au travers de la publicité, des œuvres de fiction et de notre manière de travailler. Mais il n’est pas le seul modèle économique existant.

Depuis le Moyen Âge, des artisans, des commerçants ont cherché d’autres manières de travailler ensemble. Ils se sont par exemple rassemblés sous forme de guildes et le XIXème  siècle a vu naître les premières coopératives, les mutuelles, et l’association loi 1901. Ce sont ces trois formes juridiques, plus les fondations, que l’on retrouve dans l’économie sociale et dans l’économie solidaire.

Dans l’économie sociale, il n’y a pas que des structures s’occupant d’aide sociale. En effet on y trouve aussi : La Macif, le Crédit Mutuel, la Fondation de France… des associations culturelles, sportives, d’aides à la création d’entreprises, aux personnes, des coopératives agricoles, du bâtiment, des nouvelles technologies, etc.
C’est une économie à part entière qui représente aujourd’hui 10 % de l’emploi dans l’agglomération et couvre quasiment tous les secteurs de l’activité économique.

L’originalité de ces structures réside dans le fait que l’activité économique reprend sa juste place d’outil au service de la communauté. Ce n’est plus la productivité qui est au centre des préoccupations, c’est l’homme !

Une association, comme son nom l’indique, ce sont plusieurs personnes (comme vous et moi) qui s’associent pour concrétiser un projet au service de la collectivité. Dans une mutuelle de santé ou une banque mutualiste, c’est l’intérêt des sociétaires (adhérents) qui prime, tout simplement parce qu’il en sont les seuls actionnaires. L’entraide c’est aussi ce que l’on retrouve dans les différentes formes de coopératives. Selon les cas leur mode de fonctionnement diffère, mais que ce soit dans une coopérative classique, une société coopérative de production (SCOP) ou une coopératives d’activité, il s’agit de sociétés, d’entrepreneurs,  parfois d’associations qui mutualisent des moyens matériels, administratifs et humains pour gérer leurs intérêts communs.

Et pour que les intérêts de chacun soient pris en compte, chacun doit pouvoir s’exprimer, en élisant ses représentants, le conseil d’administration et/ou en prenant part aux décisions de la structure. Bien sûr, peu importe le rang, l’ancienneté ou le montant en euros qu’une personne investit… une personne égale une voix, tout le monde est au même niveau. C’est ce qui assure l’aspect démocratique de ces structures.

L’économie solidaire, quant à elle, est un peu différente et peut être considérée comme sa descendante. Elle partage avec elle les mêmes valeurs de solidarité et de démocratie mais on peut dire qu’elle en élargit le concept… les acteurs de cette économie se sentent davantage concernés par l’écologie, le développement durable, le développement d’un commerce plus juste avec les pays émergents, mais aussi à un niveau local. Il sont conscients que l’esprit de communauté se construit au sein de chaque structure, mais aussi et surtout entre structures… Savoir ce que fait son voisin devient essentiel pour trouver des collaborateurs, monter des projets commun et rester dans une dynamique d’innovation sociale.

Ainsi, les associations et porteurs de projets peuvent se fédérer autour de la maison des associations ou de lieux de vie comme : EVE (espace vie étudiante), la Bifurk (pépinière associative), la MNE (maison de la nature et de l’environnement), Cap Berriat etc. Les coopératives et les mutuelles, peuvent se fédérer et trouver du soutien autour de structures comme le GNC (Groupement national de la coopération) des unions régionales de SCOP ou encore d’associations comme la MCAE (accompagnement de porteurs de projets)

Il existe une réelle vivacité de l’ESS dans l’agglomération, elle offre des perspectives très intéressantes, même si dans la réalité quotidienne elle trouve aussi des limites : travailler en équipe est passionnant, mais les concertations s’avèrent parfois difficiles ; les associations en prenant de l’ampleur, et du fait des sommes d’argent engagées peuvent perde de vue leur projet initial et se mettre principalement au service des projets des financeurs ; le résultats d’interactions entre de nombreux acteurs de l’économie locale, souvent imprévisible, peut parfois effrayer les collectivités locales, les pouvoirs publics dont la charge est au contraire de planifier sur le moyen et long terme…
L’ESS remet l’humain au centre de l’économie, mais l’humain n’est pas une science exacte, c’est en cela que l’ESS est un terrain constant d’expérimentation… mais aussi un terrain qui foisonne d’idées nouvelles et prometteuses. Être acteur de l’ESS c’est jouer un rôle dans la société.
Alors quel rôle voulez vous jouer ? Allez-y le casting est ouvert !


En 2003 la Métro et la ville de Grenoble ont pris conscience de l’ampleur  que prenait l’ESS et ont décidé de soutenir son développement. De cette politique est né, par exemple le site « Alpes Solidaires », outil de communication et vitrine de la vivacité de l’ESS dans l’agglomération.
La Métro est aussi la l’origine de l’hôtel d’activité ARTIS à Fontaine. Là-bas une vingtaine d’entreprises relevant principalement de l’ESS travaillent sous le même toit et mutualisent des moyens matériels tel que l’Internet ou le téléphone.

La Pousada pousse le concept de la coopération plus loin. Un même bâtiment sert de siège social, entre autre, à des coopératives d’activités, des SCOP, des structures d’accompagnement à la création d’activité… Ces différents entrepreneurs mutualisent des moyens matériels, mais aussi leur gestion administrative et comptable, des outils de financement etc. En s’unissant ainsi, chaque entrepreneur et chaque nouvel entrepreneur qui rejoint la structure bénéficient de la dynamique de groupe, et aussi d’avantages dont il n’auraient jamais pu bénéficier en s’installant seuls.

Pour en savoir plus :
Association A.I.R.E.S
Association d’Information et de Recherche sur l’Économie Sociale
13 rue Abbé Vincent
38600 Fontaine
Tél : 04 76 24 06 11
www.aires-ess.org
www.alpessolidaires.org