Pascal Gruffaz : Iconoclaste protéiforme à station verticale

A l’approche de la quarantaine, Pascal Gruffaz est un auteur, compositeur, interprète et administrateur du label indépendant « La Bella Rita » qui ne chôme pas.

Travailleur social, Pascal fut un temps médiateur de rue pour la ville de Grenoble, tentant d’apaiser le dialogue entre les commerçants et les gens de la rue. Mais lorsqu’il comprit que sa « mission était surtout de servir les interêts des commerçants et non pas ceux des plus défavorisés ­», le révolté qu’il est se dit qu’il était temps de changer totalement de crémerie et de (sur)vivre enfin de sa passion…

« … On ne gagne pas un rond mais on est libres … »

Fort d’une quinzaine d’années de carrière musicale, de cinq albums et de près de 600 concerts, cet amoureux des mots se considère comme un privilégié malgré les difficultés qu’il rencontre à vivre correctement de son art. Privilégié déjà parce-qu’il vit dans le Trièves, dans un cadre réellement magnifique, apaisant et inspirant. Il ne roule pas sur l’or loin de là, mais il a choisit sa vie et continue son chemin parsemé de sacrifices. Sa liberté, c’est celle de faire ce qu’il veut vraiment faire, d’avoir choisi sa vie. Le prix à payer, c’est qu’il doit travailler beaucoup pour gagner peu. Étant père de trois enfants, il reconnaît que ce n’est pas toujours facile à gérer et que le manque d’argent est parfois pesant. Il n’est pas intermittent du spectacle, le régime imposant une « course au cachet » incompatible avec la notion d’artiste libre.

« … Économiquement parlant, je représente que dalle … »

La crise du disque est dramatique pour les artistes indépendants qui autrefois comptaient sur la vente de quelques CD à la fin de leur représentation. Aujourd’hui, le CD se vend nettement moins bien. Pour les artistes libres, il ne reste que les représentations publiques, mais pour en faire suffisamment, il faut bénéficier d’une certaine notoriété.

Pascal fait donc face aux difficultés rencontrées par d’innombrables artistes en France : il a besoin d’accroître sa notoriété. Les médias sont friands de « success stories »  paradisiaques démarrées via Internet, mais dans la réalité celles-ci restent extrêmement anecdotiques. Se faire connaître pour trouver des partenaires et son public est très difficile même à notre époque ultra connectée ; c’est pourtant le nerf de la guerre. Plus le réseau est étendu, plus on a de chances de travailler, c’est la même problématique pour tous les artistes et travailleurs indépendants. Des centaines d’artistes et groupes de musique de qualité vivotent en France et ne parviennent pas à se faire connaître suffisamment et donc à se vendre correctement, se produisant alors avec des tous petits moyens dans des conditions pas toujours idéales. 

Pour faire face au marasme musical, les labels indépendants et les artistes libres se rassemblent autour de structures communes. L’union fait-elle la force ? Pascal s’est notamment allié avec les plateformes CD1D et 1DTouch qui lui reversent 75 % des revenus générés par ses œuvres, contrairement aux ténors du téléchargement légal qui reversent une véritable misère et ne profitent qu’a ceux et celles qui vendent des dizaines et centaines de milliers de titres. A l’inverse de ces plates-formes très connues qui servent en premier lieu a enrichir leur propriétaire, 1Dtouch se définit comme étant du « streaming équitable » : plus un artiste est écouté, plus le pourcentage qu’il perçoit diminue, la différence étant répartie et reversée aux artistes qui vendent moins.

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« … faire en sorte que les gens se retrouvent autour de cet élément noble qu’est le pain et la cuisson du pain … »

Le label de Pascal ne vit pas « d’amour et d’eau fraîche » mais notamment de quelques subventions et grâce à une très belle initiative intitulée le « Festival itinérant des fours à pain sonores ». Cette animation conviviale, prétexte à créer du lien social et des rencontres inter-générationnelles entre les habitants d’un village, rassemble de façon intimiste artisans, artistes et résidents autour d’un four à pain mobile ou bien d’un four local réhabilité. Chacun peut y faire cuire son pain ou sa pizza et se retrouver autour d’animations, de concerts et de spectacles.

Pascal Gruffaz est un artiste accompli qui fourmille d’idées et ne rechigne pas à faire des « petits boulots » de temps en temps pour pouvoir continuer à vivre de sa passion. Il sera à Prébois, un petit village typique du Trièves qui offre une vue incroyable sur ce territoire, le 14 juin pour un « Festival des fours à pains sonores », n’hésitez pas à aller le rencontrer et à en profiter pour faire une ballade dans le Trièves.   

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