Novembre le mal aimé, le «malsain, qui fait tousser dès la Toussaint», aura été ardemment désiré par les inconditionnels de Patti Smith. L’artiste – qu’on ne présente plus – est en tournée dans l’Hexagone, ce qui ne s’était pas produit depuis des lustres. À Grenoble, la rencontre a eu lieu à la MC2 le 08 novembre (projection du documentaire Dream of Life, suivie d’une lecture intimiste et d’un concert rock de clôture).
Patti Smith est une légende vivante. L’inconvénient avec les icônes, c’est que leur notoriété autorise à dire n’importe quoi, dans une quasi absence de sens critique et une totale méconnaissance de l’artiste et de l’oeuvre. On associe volontiers Patti Smith à son tube, Because the night, alors que c’est peut-être la chanson qui lui ressemble le moins. Le mythique album Horses, le succès commercial de Easter ont conduit à surestimer quelques albums mineurs, à en éclipser d’autres, comme Radio Ethiopia, expérimental et ésotérique, ou Gone again, oeuvre de la maturité, marqué par l’absence et le deuil.
Les textes poétiques de ses chansons méritaient à eux seuls que soit reconnu le talent de Patti Smith écrivain. C’est chose faite aujourd’hui. Si ses recueils de poésie restent difficilement accessibles pour les non-anglophones, Just kids* , récit autobiographique remarquablement bien traduit, a le mérite d’être superbement écrit et facile à lire. L’écriture de Patti Smith n’affiche aucun narcissisme, fait suffisamment rare dans ce milieu pour être mentionné. À lire donc pour comprendre la femme et le destin de celle qui «n’était pas née pour être spectatrice », au-delà des clichés.
*Disponible en français (ed.Denoël 2010) dans les bibliothèques municipales de St Bruno, Alliance, Abbaye