Un pays de plus en plus pauvre, des enfants de plus en plus pauvres, et des pauvres de plus en plus pauvres. Le Plan de lutte contre la pauvreté présente un rapport sans concession.
Les lendemains qui chantent
C’est un rapport de 615 pages que François Chérèque, Christine Abrossimov et Mustapha Khennouf présentent à titre d’« évaluation de la deuxième année de mise en œuvre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale ». Rappelons que ce « plan », promesse de campagne du candidat François Hollande, se veut un travail d’observation, de concertation et de proposition visant à lutter contre la précarité et l’exclusion sociale.
Deux ans après sa création, ses conclusions n’affichent pas un optimisme démesuré. S’il constate une légère baisse du taux de pauvreté, il s’empresse de préciser que cette baisse est avant tout due à la baisse générale du niveau de vie de la population. Dans un pays qui s’appauvrit, « les pauvres sont relativement un peu moins nombreux, mais plus pauvres » précise le rapport, auquel on ne saurait reprocher de ne pas avoir le sens de la formule.
Et cette situation ne semble pas près de s’améliorer, si l’on en croit les rédacteurs du rapport. « La persistance de la crise économique et l’augmentation du taux de chômage, notamment de longue durée,ne permet (sic) pas d’entrevoir une réelle amélioration globale des niveaux de pauvreté dans les prochaines années. »
Les conclusions des auteurs vont donc dans le sens des différents indicateurs précédemment enregistrés, notamment par l’INSEE ou l’UNEDIC qui, dans un cas comme dans l’autre, tablent sur une aggravation de la situation de l’emploi en France et sur un appauvrissement général de ses habitants. Loin de s’estomper, les effets de la crise seraient donc toujours bien présents sur notre territoire dans les années à venir.
Attention, enfants
Autre fait marquant, qui n’est cependant pas nouveau : les enfants sont de plus en plus impactés par l’aggravation de la situation. Tout en se refusant à « opposer les populations », le rapport pointe le fait que les personnes de plus de 65 ans ont été nettement plus soutenues par les politiques sociales que les familles avec enfants, dont le niveau de vie des plus pauvres diminue alors que celui des retraités se maintient.
Le rapport propose donc d’accentuer l’aide aux familles, à travers « la mise en place d’un plan d’aide pour les familles les plus pauvres, notamment les familles monoparentales. » Par l’augmentation des minimas sociaux autant que par un meilleur accès aux structures d’accueil collectives et un meilleur accompagnement des parents vers l’emploi.
Les plans sur la comète
Les autres recommandations des rédacteurs sont plus générales : elles insistent sur la nécessité de permettre un accès automatique à la CMU-C ou l’ACS pour les bénéficiaires des minimas sociaux, ou à poursuivre l’effort de construction en faveur des PLAI, logements destinés aux personnes les plus en difficulté.
Hélas, ce volumineux rapport ne s’inscrit guère dans le concret. Que ressortira-t-il d’un « plan » qui propose la mise en place d’un autre « plan », ou invite à « travailler » sur tel point, à « veiller » sur tel autre, tout en se gardant bien de trop critiquer la politique sociale actuelle du gouvernement ? On ne saurait nier l’engagement et la bonne foi de ses auteurs mais, aussi détaillé soit leur travail, il aboutit avant tout à des constats factuels suivis de vœux pieux.
Et l’on s’interroge encore une fois sur la logique politicienne consistant à créer des organismes d’observation des problèmes sans jamais appliquer les pistes de solutions qu’ils proposent. Comme si, au final, le thermomètre suffisait à faire tomber la température.