Véritable phénomène de société depuis quelques années, le poker s’impose de nos jours comme le jeu de cartes par excellence. De la quinte flush royale au carré d’as, retour sur le grand tapis de la vie. « Le destin mêle les cartes et nous jouons » avait un jour dit le fameux philosophe allemand Arthur Schopenhauer.
Car, oui, l’existence n’est le fruit que d’un hypothétique hasard, de ce big bang universel qui nous a rendus tous fous. La fatalité de l’âme, le chemin de la réussite et les rêves éternels ne le sont que par la bonté des cartes. Un cœur et nous voilà au paradis. Un trèfle et nous voilà chanceux. Et ça, le poker l’a bien compris.
Les origines de ce jeu sont obscures, mystérieuses, délicates à comprendre pour un esprit profane. Iranienne, méditerranéenne ou bien encore germanique, son apparition est difficile à situer sur le planisphère de nos envies. Sa datation au carbone 14 se révèle être une tâche encore plus ardue. Selon des études poussées à l’extrême, le poker serait fils du jeu de l’ambigu, qui voit le jour en France au XVIIe siècle. Tout bien considéré, il ne saurait en être autrement. L’ambigüité, la voilà la notion de la vie. L’hésitation constante. Quoi de plus normal alors qu’en ces temps troublés où la société perd peu à peu tous ses fondements et tous ses repères, le poker prenne toute son ampleur ? Nos choix sont-ils les bons ? Dois-je mentir ou dire la vérité ? Dois-je prendre des risques et investir, ou au contraire garder tout mon argent et ne rien dépenser ? Puis-je faire confiance à mes voisins ? Autant d’interrogations qui traversent notre esprit tourmenté et qui nous laissent dans l’embarras. A toutes ces questions qui nous hantent, le poker a la réponse.
Il nous apprend en premier lieu la patience. Par l’étude attentive de l’environnement qui nous entoure, nous évitons de nous précipiter tête baissée dans les ennuis. Mais la vie n’est pas qu’attente. Pour être heureux, il faut prendre des risques. Au début, bien évidemment, ils se doivent d’être calculés. Une mise raisonnable est une mise acceptable. Cependant, ne nous voilons pas la face, un jour ou l’autre arrive le moment du grand plongeon. Il faut tout donner, tout balancer, tout envoyer. Et mettre sur la table de la volonté les jetons de nos illusions perdues. Ne pas laisser passer sa chance. Mettre tout ce que nous possédons en jeu pour toucher le jackpot. Et là, oh oui là, on atteint le firmament, le climax de l’existence. Néanmoins, ce chemin est long, très long. Quelquefois il faut mentir, quelquefois il faut suivre le troupeau. Quelquefois même, il faudra se coucher. « Si vous êtes à une table de poker, soulignait à juste titre Paul Newman, et que vous n’arrivez pas à savoir lequel de vos adversaires va être le pigeon de la soirée, c’est qu’il y a de bonnes chances que ce soit vous ». Ne vous faîtes pas plumer par la vie et suivez les glorieuses traces d’un Patrick Bruel, qui a eu le courage d’abandonner sa prestigieuse carrière d’acteur et de chanteur pour se consacrer exclusivement à ce noble jeu.