« Jamais sans mon ordi » pourrait être le titre du livre de votre vie… Attention à ne pas oublier de vivre IRL** ?
La cyberdépendance ou net-addiction fait partie des nouvelles formes de « toxicomanies sans drogue » : phénomène nouveau en France, il ne fait pas encore l’objet de véritable étude. Pourtant Claire Potié, psychologue clinicienne au GISME, voit désormais arriver dans son cabinet des parents inquiets du comportement de leur ado, mais aussi des adultes tout autant accros…
Quatre heures du matin, il est encore devant son ordinateur, sautant frénétiquement de site en site. Il y est depuis l’après-midi, il a grignoté quelques biscuits en guise de dîner, sans quitter son écran. Qu’y fait-il à cette heure-ci ? Rien de spécial. Il a passé sa journée sur son jeu en ligne (à combattre les trolls) puis il a « tchaté » avec une fille qu’il ne rencontrera jamais (c’est pas faute d’avoir essayé), il a écumé un site de vente, histoire de tomber sur l’objet pas cher (quoique inutile). Il va regarder une multitude de vidéos, jusqu’à ce qu’il tombe de sommeil. Il fait ça tous les jours. Il ne vit plus qu’avec et au travers de son ordinateur : il est cyberdépendant.
Ce qui est inquiétant, c’est qu’il se coupe de la vie sociale, familiale et professionnelle (ou scolaire), au même titre que les consommateurs réguliers de drogue ou d’alcool. Il perd contact avec la réalité lui préférant une vie de plus en plus virtuelle. Claire Potié explique que derrière toute addiction, il y a souvent une souffrance (mal-être, difficulté sociale, isolement, rupture, etc.). Chercher une échappatoire à la réalité, voilà qui pourrait expliquer cet usage excessif. Pour Serge Tisseron dans Virtuel, mon Amour, « la dépendance à Internet est en train de devenir un symptôme majeur de la dépression. Elle n’est pas un moyen d’accroître le plaisir de vivre, mais une façon de tenter d’éviter de sombrer ». Ce n’est pas la faute d’Internet qui n’est qu’un révélateur, c’est la souffrance se cachant derrière cet usage pathologique qui est à traiter. Résilier son abonnement ou débrancher l’ordinateur ne sert à rien. C’est dans une prise de conscience, puis de parole que réside la clé pour s’en sortir. La prévention reste le moyen de lutte le plus efficace, notamment auprès des jeunes utilisateurs. Il faut donc informer et faire réfléchir, afin de trouver et gérer les conflits, terreaux de l’addiction.
Si vous êtes attachés à votre ordinateur plus que de raison, à tel point que vous passez vos nuits avec lui sans sommeil, si tous vos amis ont un @ dans leur nom, si vous avez oublié votre prénom et vous faites appeler par votre pseudo, si vous sentez qu’il y a abus et êtes inquiets pour vous ou un de vos proches, n’hésitez pas, le GISME propose tous les jeudis les rencontres du jeudi de 14h30 à 16h, ouvertes à tous pour s’informer, échanger ou tout simplement parler.
* World of Warcraft, jeu vidéo en ligne, particulièrement addictif du fait de son système de jeu qui récompense les joueurs en fonction du temps passé à jouer.
** In Real Life « dans la vraie vie », expression couramment employée sur Internet pour désigner la vie en dehors d’Internet.
Adresses utiles
GISME
Centre d’Addictologie
27, rue Émile-Zola
38400 Saint-Martin-d’Hères
Tél. 04 76 24 69 24
E-mail : gisme@wanadoo.fr