Au moment de fêter le 60ème anniversaire du celèbre appel de « l’hiver 54 », la Fondation Abbé Pierre vient de publier son rapport annuel, le dix-neuvième, sur l’état du mal-logement en France.
Trois points essentiels sont abordés : d’abord une analyse d’un paramètre important du problème du logement, qui est le rapport logement/emploi. Ensuite le rapport pointe la dégradation massive des copropriétés les plus pauvres. Il préconise aussi plus d’études sur les conditions de vie de certaines tranches de la population. Enfin, il examine les politiques menées contre le mal-logement, les progrès réalisés, mais aussi les mesures à conduire, en regard du « Contrat social pour une nouvelle Politique du Logement ».
Un rapport extrêmement volumineux (dont la synthèse fait déjà 70 pages), mais déjà commenté dans la presse. Le Parisien relève des chiffres : on recense 3,5 millions de chômeurs, et plus largement 10 millions de personnes concernées par le mal-logement. D’autres chiffres : on compte 141 500 sans-abri, et 85 000 personnes vivant dans des « habitations de fortune ». Le rapport mentionne aussi un retour des bidonvilles.
Mais ce nouveau bilan de la Fondation pointe aussi l’accès au logement, proportionnellement plus difficile plus l’on est pauvre, même pour ceux qui ont un emploi mais une situation aproximative ; les logements les plus accessibles étant proportionnellement aussi les plus rares. A cela s’ajoute le problème du coût du logement, les loyers ayant augmenté de 55% en 13 ans. Et concernant le problème logement/emploi, le rapport pointe que la perte de l’emploi s’accompagne trop fréquemment d’une perte du logement. Enfin, nombre de copropriétés nourissent des inquiétudes : elles se dégradent, les travaux de réféctions ne sont pas effectués et les charges sont trop lourdes.
Concernant les préconisations : si la Fondation se félicite de la mise en fonction d’un nombre important de places suplémentaires pour la veille sociale, elle insiste sur le fait que les trois-quarts de ceux qui appellent le « 115 » ne trouvent pas de place. Le rapport souligne ensuite que si la création de nouveaux logements est bien prévue, rien n’est encore concrètement engagé pour les rendre rapidement disponibles. Enfin, la Fondation regrette le démantèlement des bidonvilles, les expulsions locatives, et rappelle les élus à leur engagement de fournir 20% de logement sociaux.
Dans la presse Le Figaro soulignait la nouveauté et la pertinence sociologique des analyses du rapport de la Fondation Abbé Pierre, tandis que Libération insistait sur le caractère alarmiste du rapport. En tous cas celui-ci se présente comme un état des lieux pertinent et fiable, qui permet de mesurer les progrès qui ont été fait, mais aussi le chemin qui reste à faire.