Depuis novembre 2019, Florence est en contrat aidé à Saint-Joseph, le collège privé de Voiron.
Elle aime la diversité de son poste qui lui permet de travailler à l’accueil, d’accompagner des élèves en situation de handicap et de proposer de l’aide aux devoirs. En parallèle, elle se forme en communication relationnelle au Centre Reliance d’Echirolles. Elle partage avec nous les étapes qui lui ont permis d’affiner son projet professionnel et de rebondir.
Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a amenée à vous inscrire au RSA ?
Il y a 10 ans, j’ai divorcé. Cela a marqué le début d’un vrai parcours du combattant. Jusque là, j’avais peu travaillé en dehors de la maison. Je m’occupais du foyer et j’aidais mon ex-mari dans ses diverses entreprises. Diplômée d’un BTS commercial, j’avais été salariée trois ans comme commerciale puis sur de courtes missions. Je connaissais donc peu le monde professionnel classique.J’ai dû commencer un long chemin pour trouver ma place et gagner en confiance.
Comment s’est passé votre parcours d’insertion ?
Avant de commencer un accompagnement, j’ai fait de nombreux petits boulots.
J’ai été négociatrice en immobilier et responsable en gestion locative. J’ai aussi été assistante de direction, artificière, préparatrice de commandes, j’ai travaillé dans un SAV dans l’industrie, animé des ateliers créatifs dans une MJC, donné des cours de tennis, de ski…! J’enchainais des contrats courts et précaires. J’ai aussi eu de longues périodes de chômage.
Début 2016, Pôle Emploi m’a orienté vers le PLIE, le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi. Là j’ai été suivie par une Conseillère Emploi qui m’a énormément aidée. Elle m’a proposé de participer à un stage de coaching d’une semaine. Pendant cinq jours j’ai participé à des ateliers de groupe animés par deux coachs spécialisés en réinsertion professionnelle. J’étais très émue de découvrir les parcours et les difficultés de chaque participant. Cela a été pour moi un déclic, j’ai su que je voulais faire de l’accompagnement et aider les autres. Je sentais que j’avais cette capacité d’écoute et de disponibilité pour l’autre.
Comment s’est passé la suite de votre parcours avec le PLIE ?
Environ tous les deux mois, j’avais un rendez-vous avec ma conseillère emploi. Je savais désormais que je souhaitais m’orienter dans l’accompagnement, mais je ne savais pas encore comment.
J’explorais de nombreuses pistes, devenir sophrologue, graphologue… Mais rapidement j’abandonnais chacune de mes idées. En parallèle, ma conseillère me faisait passer des offres d’emploi. Bien qu’au départ je n’avais pas suffisamment confiance en moi pour postuler, elle n’a jamais douté. Elle m’a appris que les chutes servent à se relever, qu’il n’y a en réalité pas d’erreurs dans la vie, mais des occasions d’apprendre. Elle savait que j’allais y arriver. Elle m’a permis petit à petit de retrouver confiance. Comme quelqu’un m’a dit un jour : « à chaque fois que tu te plantes, tu pousses » !
Comment avez-vous vécu cette période au RSA ?
C’était moralement difficile pour plusieurs raisons. Je faisais face à une partie de mon entourage qui ne comprenait pas pourquoi je ne trouvais pas de travail, qui avait l’impression que je ne faisais rien et que je vivais “aux crochets de la société”. Cela fait partie des préjugés que l’on rencontre parfois à l’égard des personnes au RSA.
Pour ma part, j’analysais mes échecs comme une confirmation de l’idée que je ne valais rien. Je ne me sentais plus capable de quoi que ce soit. Je n’étais plus en mesure de voir le positif en moi, j’étais très vulnérable.
Comment avez-vous ensuite trouvé votre poste actuel au lycée ?
En juin 2018, grâce à ma conseillère, j’ai eu un premier poste comme AESH, Accompagnante d’Élèves en Situation de Handicap au lycée LEAP de Chabons. Pendant cinq semaines, j’ai accompagné un jeune autiste. J’ai adoré cette expérience qui m’a permis de réaliser mon potentiel d’écoute.
Suite à cela, plusieurs pistes professionnelles sont tombées à l’eau : une piste de formatrice à l’AFPA, l’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes, qui devait débuter à la rentrée 2018, puis une nouvelle proposition d’emploi dans le domaine de la métrologie.
En novembre 2018, j’ai finalement trouvé un poste dans une entreprise de travaux publics à Fontaine. J’étais enchantée de travailler dans l’administratif pour ce secteur. Au bout de quinze jours, j’ai eu une sciatique si forte que j’ai été hospitalisée aux urgences. Mon contrat s’est ainsi arrêté pendant la période d’essai.
L’enchaînement de ces épisodes a été extrêmement difficile. J’ai vécu une dépression. Puis en novembre 2019, la roue a enfin tourné, j’ai commencé le contrat aidé dans le lycée où je travaille encore actuellement.
En parallèle de votre poste, vous êtes actuellement en formation. Comment envisagez-vous la suite à la fin de votre contrat aidé ?
Depuis septembre 2020, je me forme à la méthode ESPERE de Jacques Salomé, une méthode pour apprendre à mieux communiquer. J’y apprends ce que l’on appelle l’écologie de la relation : construire un lien basé sur l’écoute, la bienveillance et le respect.
J’aimerais utiliser ces outils dans mon activité professionnelle pour travailler à la qualité des relations entre les personnes.
Mon contrat aidé se termine à la fin du mois de juin. Je prépare actuellement une candidature pour postuler comme formatrice au sein de l’AFPA. J’aimerais y donner des cours de communication ou de français à des personnes en insertion.
Parmi vos qualités, lesquelles vous ont le plus aidé à rebondir ?
Je dirais la résilience et la détermination.
Quel message aimeriez-vous partager avec des personnes actuellement bénéficiaires du RSA ?
Qu’il est important d’apprendre la patience lorsque nous devons nous relever d’une situation difficile. Nous devons garder l’espoir dans ces moments-là qui paraissent souvent bien longs à vivre. Il faut se rappeler qu’arrivera un moment où des solutions vont se présenter, un moment où des pistes vont s’ouvrir. Les choses arrivent à point nommé. Avant, nous avons besoin d’apprendre et de nous y préparer. Je crois qu’il n’y a pas de hasard.