Florence Aubenas se présente comme femme seule, 48 ans à la recherche d’un premier emploi, sans enfant. Disponible jours, nuits et week-ends. Elle a rejoint la légion de chômeurs et vécu avec eux l’insupportable.
Première désillusion : il n’y a rien pour elle. Rien. L’employé d’une agence d’intérim résume sa situation : « Vous êtes plutôt le fond de la casserole, Madame « . Pôle emploi la met sur une piste : devenir femme de ménage, dans un secteur en pleine expansion, corvéable à merci, pour un salaire dérisoire. La résignation et la soumission seront son lot quotidien.
Au fil des jours, elle découvre les ravages et l’étendue d’une crise qui ne cesse de gagner du terrain. La précarité engloutit de plus en plus de gens. Le récit de son embauche pour nettoyer les ferrys qui font la traversée de la Manche fait tressaillir par sa brutalité, sa violence. Des surveillants sont chargés de faire respecter les cadences infernales. Après plusieurs heures de ce régime, les femmes fatiguées,, vidées, affamées courent déjà vers un autre chantier. » Aujourd’hui, on ne trouve pas de travail, on trouve des heures « , constate Florence Aubenas. L’asservissement est partout le même. Violent, abêtissant. Le quai de Ouistreham raconte comment on vit aujourd’hui en France avec moins de 700 euros par mois. Et comment la solidarité, chez les démunis, n’est pas un vain mot.
Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas est disponible dans les bibliothèques de Grenoble.