Au regard des derniers chiffres relayés par les médias précédant l’annonce du projet de loi d’immigration, Fanny Braud, animatrice à l’Accueil Demandeurs d’Asile (ADA) explique quelle réalité peuvent revêtir ceux-ci au niveau local.
1000 primo-arrivants en plus sur Grenoble
« La barre des 100 000 demandes d’asiles franchie en 2017 » ou encore « le taux du nombre de dossiers accordés passe de 38% à 36% » pouvait-on lire récemment concernant les demandeurs d’asile. L’ADA qui accompagne, sur Grenoble, ces derniers dans leurs premières démarches, avant que celles-ci ne soient enregistrées à la préfecture, faisait, elle, état d’une hausse de 40% des demandes en Isère en 2017. Celle-ci étant due au fait que le nombre de primo-arrivants a doublé entre 2016 et 2017 passant de 1000 à 2000 sur cette période.
Mais cette structure ne se prononce pas sur la baisse de ce pourcentage rappelant le nombre de dossiers finalement acceptés, car « il n’y a pas de suivi établi par l’ADA. Les migrants ne reviennent pas forcément pour nous tenir informés« . En outre, l’association suit avant tout les demandeurs les plus précaires : ceux qui ne sont pas hébergés. Pour ceux qui le sont, ce sont souvent les centres d’hébergement qui les accompagnent dans leurs démarches.
L’ADA souligne également le fait que ces données chiffrées ne signifient pas grand chose. En effet, les Albanais primo-arrivants se plaçaient en tête des demandes d’asile au niveau national (7 600 demandes) en 2017 alors que seulement 6% de leurs demandes aboutissaient. Pour souligner le contraste et du fait d’une forte médiatisation, les demandes syriennes trouvaient une issue favorable à hauteur de 95% bien qu’elles aient été beaucoup moins nombreuses. Elles se placent en 6ème position (avec 3 200 demandes). Ceci explique qu’on retrouve ces évolutions dans les taux de pourcentage. Les disparités en termes d’origine des demandes fluctuent toujours beaucoup d’année en année (en 2016, les ressortissants albanais étaient plus nombreux devant les Afghans).
Grenoble plus concerné par les demandes des pays du Balkans
Concernant Grenoble et sa région, L’ADA observe que les demandes d’Afrique de l’Ouest arrivent en tête, suivi de l’Albanie et de la Macédoine. La proximité géographique de Grenoble explique que les Balkans soient, ici, plus représentés qu’ailleurs. Souvent la médiatisation d’un conflit aide les demandes en cours. Ainsi, l’asile est largement accordé aux réfugiés afghans et syriens, pour qui le taux d’acceptation est le plus élevé.
Les chiffres cités massivement par la presse ces dernières semaines rappellent effectivement des réalités, à nuancer. Mais au niveau des annonces formulées autour du projet de loi asile-immigration, un changement de taille est apparu : les demandeurs ne disposent plus désormais que d’un délai de 90 jours pour déposer leurs demandes (contre 120 jours auparavant), ce qui reflète une réelle course contre la montre.