Suite à notre article sur la précarité des emplois saisonniers, nous sommes allés à la rencontre de Rudy Boudet, travailleur saisonnier à la station des Deux Alpes depuis 22 ans. Nous avons souhaité l’interroger pour mieux comprendre ses motivations…
Rudy est un habitant de la Rochelle où il exerce le métier de décorateur d’intérieur. À 40 ans il revient chaque année dans la région de l’Oisans.
Rudy pourquoi avez-vous choisi de travailler comme saisonnier ?
« L’hiver, à la Rochelle, il n’y a plus aucune activité plus de tourisme et donc plus d’emploi. Je ne me suis jamais vu travailler à l’usine à écailler du poisson toute la journée, mais c’est le seul domaine dans lequel on peut trouver un emploi à cette époque de l’année. L’emploi de saisonnier me permet de travailler en toute liberté et au grand air ».
Pourquoi revenez-vous chaque année jusqu’en Isère, n’y a-t-il pas de station plus proche de chez vous comme dans les Pyrénées ?
« Je reviens ici chaque année car mon contrat est reconduit systématiquement. Ainsi je perçois une prime d’ancienneté qui équivaut à 500 euros de plus par mois sur ma fiche de paie. Nous percevons aussi une prime en fonction de la satisfaction de notre hiérarchie et de la clientèle, qui nous attribuent une note. Etre noté – performant – donne droit à une prime de 360 euros, – satisfaisant – une prime de 180 euros et – insatisfaisant – pas de prime! Mais cette notification peut être une raison de non reconduction de notre contrat. Cela nous donne une motivation supplémentaire ».
Par ailleurs, Rudy nous informe que le salaire est attribué en fonction des qualifications et qu’il est indispensable lors du recrutement de parler anglais et d’être un bon skieur.
« Les débutants sont placés aux remontées mécaniques, avec l’ancienneté le poste est plus varié et nécessite une certaine polyvalence. Le salaire net d’un débutant est de 1250 euros par mois, plus une prime pour le déplacement ou le logement et les paniers repas. Un équipement intégral nous est fourni ainsi qu’un forfait ski- pass.
Mon ancienneté me permet d’avoir désormais plus de responsabilités et plus de contacts avec la clientèle. Je m’occupe du contrôle sur les pistes et aux remontées, mais aussi des forfaits lorsqu’ils sont démagnétisés ou détériorés. Je m’occupe aussi de l’affichage météo et j’informe la clientèle. Par ailleurs, le samedi matin, nous nous partageons les états des lieux d’une dixaine d’appartements chacun ».
Les états des lieux font-ils partie de vos fonctions ?
« Nous travaillons pour la DAL, la compagnie des Deux Alpes Loisirs, qui possède des logements qui ont été conçus au départ pour accueillir les saisonniers. Mais finalement ces logements sont loués aux touristes et nous effectuons les états des lieux sortants. Cela reste dans le cadre de nos fonctions puisque c’est le même employeur ».
Vous effectuez combien d’heures par semaine ?
« En moyenne, je travaille 40 à 45 heures par semaine, je débute mes journées en prenant le bus pour aller à Venosc, puis je prend la télécabine pour arriver à la station.
Nos horaires effectifs sont de 8h30 à 16h45 environ, jusqu’à la fermeture des remontées, puis nous faisons un débrifing de la journée pour terminer à 17h30.
Mon contrat a débuté le 18 décembre 2013 et se termine à la fin de la saison le 21 avril 2014. Nous sommes prévenus sept jours à l’avance de la date de fin de contrat. Je précise que les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées mais nous les récupérons en jours de congés. Chaque année je loge au Relais du Père Gaspard qui est situé juste en face des cars Transisère ce qui est très pratique. Nous sommes environ 480 employés et nous venons de toutes les régions de France. Pour la plupart d’entre nous, nous bénéficions d’un contrat de quatre mois, qui nous permet de percevoir des indemnités de chômage durant les quatre mois suivants, ce qui nous laisse le temps de retrouver un emploi ».
L’activité touristique de l’Oisans procure de nombreux emplois saisonniers que ce soit dans l’hôtellerie, la restauration ou dans les stations. Elles peuvent être un tremplin vers d’autres emplois d’été comme les villages vacances ou les campings.