Qui sont ces personnes qui vivent dans la rue ? Quelle est leur histoire, leur parcours ? Quels sont leurs rêves ?
Pour rendre visibles ces invisibles et changer le regard porté sur les sans-abris, SANS-A, un média engagé, réalise et partage leurs portraits sur Internet. C’est ainsi que nous avons découvert Robin, un grenoblois inspirant, qui a vécu trois ans dans la rue. Aujourd’hui il a retrouvé un emploi et un logement. Nous l’avons rencontré, il nous raconte sa rencontre avec SANS-A.
A l’origine du média
L’aventure de SANS-A a commencé en 2013. Martin Bresson, son fondateur a alors 18 ans. Mis à la porte de son lycée, en quête de sens, il se rapproche de personnes vivant dans la rue. Il échange régulièrement avec eux et tisse des liens rapprochés. Il choisit alors de passer une semaine à leurs côtés pour comprendre ce qu’ils vivent au quotidien. Faisant face au sentiment d’indifférence que l’on vit lorsque l’on est dans la rue, cette expérience s’avère pour lui très douloureuse. De là, il décide, pour les rendre visibles, de faire leurs portraits et de partager en ligne leurs histoires.
Ainsi naît SANS-A. Peu à peu, Martin Bresson fédère une communauté de soutien et constitue une équipe. Sous forme associative au départ, SANS-A recueille des dons pour aider les personnes rencontrées dans la rue à concrétiser leurs rêves. Ainsi, Jean-Claude pourra avoir du matériel de pêche et trouver un logement, Charlotte recevra des nouvelles du monde entier, Philippe ira écouter du Rossini à l’Opéra Garnier. Aujourd’hui, SANS-A est aussi devenue une agence de communication engagée, un nouveau volet qui lui permet de financer la partie média.
L’expérience de Robin
En décembre dernier, nous avons découvert le portrait de Robin sur SANS-A. Trois mois après s’être retrouvé à la rue, ancien paysagiste, il décide de créer un jardin sur les berges de l’Isère, près de l’hôpital Michallon à La Tronche, pour cultiver quelques légumes. Le Jardin des Bois devient progressivement un espace de solidarité et de partage. Plein d’idées et de ressources, Robin y installe des meubles à dons, il y organise des brocs-échanges ouverts aux autres SDF ainsi que des goûters-apéritifs partagés, ouverts à tous. Recevant beaucoup de dons, il organise alors des maraudes pour les personnes qui, comme lui, vivent dans la rue. L’hiver, lorsque l’activité du jardin ralentit, avec une pince ramasse-déchets il nettoie les rues de Grenoble et sensibilise les passants avec son écriteau visant à susciter le dialogue : “Je suis SDF, je nettoie chez moi, parce que chez moi, c’est la rue. Aidez-moi.”.
Toutes ces initiatives lui permettent de multiples rencontres. C’est ainsi qu’un jour un journaliste s’arrête, après être passé plusieurs fois à vélo devant son jardin situé le long de la piste cyclable. Il propose à Robin de faire son portrait pour le site SANS-A pour contribuer à l’aider. Robin accepte, y voyant une façon de contribuer à changer le regard sur les SDF.
A l’époque, il a déjà initié des démarches pour trouver un logement et il a une piste pour un emploi. Mais suite à la publication de l’article sur SANS-A, il reçoit de nombreux dons pour ses maraudes ainsi que des plantes et des graines pour son jardin. Il commence à se faire accompagner dans ses distributions auprès des SDF. Martin Bresson, le fondateur de SANS-A le contacte à plusieurs reprises pour lui demander s’il a des besoins et en quoi ses équipes peuvent l’aider.
Depuis, Robin a dû se résoudre à être présent sur les réseaux sociaux pour diffuser ses actions. Grâce à cela, il a collecté en décembre plus de 400 boîtes de Noël, qu’il a redistribuées aux SDF et aux plus précaires. Robin ne manque jamais d’idées. Il envisage dorénavant de faire une cagnotte en ligne pour louer un garage où stocker l’ensemble de ses dons. Il souhaite aussi se construire d’ici l’été, un vélo équipé d’une remorque pour aller déballer en ville ses livres et autres collectes.
Souhaitons-lui une bonne continuation dans ses projets inspirants et solidaires.