Une tradition en devenir ? Denoël propose en cette fin d’année le deuxième tome de L’Année du Gorafi, rétrospective des meilleurs articles de l’année du site humoristique.
Plus vrai que nature
On ne le présente plus, et c’est presque dommage ! Exceptée Christine Boutin, plus personne ne tombe dans le piège du Gorafi en prenant au premier degré les titres de ses articles satiriques. Ceux-ci demeurent pourtant toujours aussi bluffants : le ton et la mise en page constituent des imitations parfaites de nos médias en ligne.
Mieux encore : il n’est pas rare aujourd’hui, face à la déclaration absurde d’une personnalité publique ou devant un fait-divers grotesque dont nos journalistes sont friands, que l’on en vienne à confondre – par exemple – Le Parisien, Le Figaro ou 20 Minutes avec le Gorafi. La boucle est bouclée : ce sont les sites d’information en ligne qui ressemblent parfois à leur propre pastiche !
On retrouvera dans ce deuxième volume le ton du Gorafi qui a fait son succès et sa savante science du non-sens. On apprendra ainsi que « les secours peinent toujours à extraire mémé des orties », que « l’ours bipolaire est désormais une espèce en voie de disparition » ou encore que « l’Union Africaine fait appel au créateur Philippe Starck pour redessiner les frontières du continent ».
Mais le Gorafi sait aussi manier la satire politique et sociale et n’hésite pas à se montrer mordant, sur le monde du travail notamment lorsqu’il évoque un vote de l’Assemblée Nationale reconnaissant que les stagiaires ont une âme, ou une application pour smartphone permettant aux femmes de connaître les postes à responsabilité qu’elles n’obtiendront jamais.
Mieux vaut en rire
La classe politique en prend également pour son grade, en particulier lorsque le Gorafi estime que Manuel Valls sera le meilleur candidat pour battre la gauche en 2017, ou affirme que François Hollande a été vu en scooter se rendant chez la finance. Quant à l’inénarrable Pierre Gattaz, on apprendra entre autres que Freddy Krueger lui-même est « terrifié par ce qu’il a vu dans les rêves » du patron du Medef.
Le Gorafi jette également volontiers un regard amer sur l’humanité. « Les extraterrestres pensent trouver une intelligence humaine d’ici vingt ans » titre-t-il, reprenant ainsi l’un des postulats de la Galaxy Song des Monty Python. Il n’hésite pas non plus à solliciter Dieu en personne : « j’aimerais tellement que les gens comprennent que je n’existe pas ».
C’est tout un petit univers, depuis les considérations du quotidien jusqu’aux préoccupations métaphysiques – sans oublier les horoscopes de rigueur –, que nous livre le Gorafi. Parfois cynique, parfois désinvolte, souvent irrévérencieux et quelquefois poétique, ce deuxième volume se dévore comme se dévorait le premier.
L’année du Gorafi numéro 2
Éditions Denoël
234 pages, 15,50 €
Et pensez à surveiller notre rubrique concours : le tome 2 de L’Année du Gorafi sera le lot à gagner la semaine prochaine !