D’origine irakienne, Sattar vit en France depuis 2009. Il trace son chemin jour après jour dans ce pays d’accueil, son pays de cœur.
L’exil à 41 ans
Voix posée et sourire chaleureux, Sattar parle avec sérénité de sa vie d’hier à aujourd’hui. Sattar a quitté l’Irak à l’âge de 41 ans. Pour cet homme, qui n’avait jamais voyagé, l’exil s’est imposé comme unique solution pour pouvoir être un homme libre. » La vie a toujours été difficile en Irak : le régime de la dictature militaire (jusqu’en 2003) a cédé la place à la dictature de la religion. L’Irak est une mosaïque de peuples et de religions qui ne s’acceptent pas. »
Le français pour s’intégrer
« Je voulais sortir d’Irak, aller en Europe, mais je n’avais pas pensé à choisir un pays » explique Sattar qui atterrit à Paris en 2009 avec, comme seul bagage culturel, sa connaissance du PSG. Au début, le barrage de la langue rend les échanges difficiles. En 2011, il rejoint Grenoble avec l’association « A Demain ». Il va alors s’engager comme bénévole à la Croix-Rouge et va en parallèle prendre des cours de français : » Pour s’intégrer, il faut gagner en autonomie avec la langue. Apprendre le français, ce n’est pas facile mais pas impossible non plus. »
Avec l’autorisation de travailler, obtenue en 2013, il va enchaîner les missions avec l’association intermédiaire » Travail et Partage« , puis va progresser en français en suivant la formation « Compétences premières » à l’IFRA. La langue de son pays d’accueil, il la pratique aussi au centre d’hébergement de l’ODTI où il va résider pendant 3 ans, ainsi que dans de multiples engagements associatifs (bénévole sur le festival Quartiers Libres, membre de l’Alliance citoyenne…). Pour Sattar, il est naturel de s’investir dans ces associations : » Les gens m’aident. Moi aussi, je peux aider les autres, nous sommes tous humains. »
Un métier : aider
En juin 2016, il intègre le chantier d’insertion de maraîchage bio Les nouveaux jardins de la solidarité à Moirans. Tout en apprenant les techniques liées au maraîchage et aux espaces verts, il développe son projet professionnel qu’il veut inscrire dans le cadre médico-social : » Les jardins, c’est une bonne étape, j’ai pu faire des formations et des stages pour construire mon projet : j’ai notamment fait un stage d’éducateur technique de peintres à Synergie, une association de chantiers éducatifs. J’ai aussi été stagiaire au Relais Ozanam, en tant que surveillant de nuit. En décembre, je vais intégrer la formation » Surveillant(e) de nuit qualifié(e), maître(sse) de maison « de l »Institut de Formation en Travail Social (IFTS) de Grenoble. »
Aider les autres, c’est la route que Sattar a décidé de suivre. Un chemin de solidarité pour cet homme qui a laissé derrière lui les siens : « Je me souviens du passé, mais j’ai tourné la page. Ma famille me manque, mais mon pays de cœur, c’est la France. »
Une pensée à partager
Le soir venu, Sattar écrit. Des pensées, des ressentis, des bribes de son histoire ici : » Aujourd’hui, je choisis le chemin de ma vie et je suis fier de moi, preuve de cela, je parle librement et respecte la liberté d’expression pour les autres. Je vous invite, madame et monsieur, à tourner ensemble les pages de nos vies. Ainsi, nous construisons une vie ensemble parce que la vie est si belle. Je vous souhaite de faire le bon choix ; et je suis confiant dans vos capacités à réaliser vos rêves et vos ambitions. »
Un message d’espoir à transmettre, le témoignage d’un homme qui a fait le choix de partir pour mieux renaître ailleurs, le récit d’un homme libéré.