Créée il y a quelques mois à Grenoble, Solident est une structure dentaire à visée humanitaire. Focus sur le fonctionnement de cette association atypique.
Palier à l’urgence, tel est l’objectif de ce cabinet dentaire associatif qui accueille exclusivement les personnes ne bénéficiant d’aucune couverture sociale. « Nous pratiquons des soins dentaires gratuits à destination des personnes sans droits sociaux ou en cours d’obtention de droits sociaux, et en situation de grande précarité » explique Alexandre Sage, le dynamique Président et dentiste bénévole de l’association.
Concrètement « les personnes accueillies sont des migrants et des roms qui viennent d’arriver sur le territoire, des déboutés du droit d’asile qui n’ont pas encore ouvert leur droit à l’Aide médicale de l’État (AME), des SDF n’ayant pas de droits ouverts » explique Boris Roche, le médiateur sanitaire de la structure dont le rôle est d’accueillir et rassurer les patients : « La plupart ne sont jamais allés chez le dentiste, le bruit qui émane du cabinet peut effrayer. »
La mission du médiateur sanitaire est aussi d’établir un audit médico-social : « Solident est un lieu de passage, on règle les problèmes de douleurs et on aide les personnes à recouvrer le droit commun le plus vite possible pour avoir accès à des soins complets. Ici, nous faisons uniquement du soin : nous ne nous occupons pas des appareils ou des prothèses. »
La structure naissante est déjà engorgée après deux mois d’activités. « Depuis les années 2000, il n’y avait plus de soin pour les personnes sans couverture sociale à Grenoble. Une personne qui avait un abcès dentaire se rendait à la Permanence d’accès aux droits de santé (PASS) de l’hôpital ou à Médecins du Monde qui lui prescrivaient une ordonnance d’antibiotiques : la douleur passait, puis la dent se réinfectait de manière chronique » explique Alexandre Sage.
Et le fondateur de Solident précise : « La structure est clairement sous-dimensionnée par rapport aux besoins. Nous avons déjà deux semaines et demi de délai d’attente, alors que nous fonctionnons uniquement avec des prescripteurs institutionnels ou associatifs. Nous aurions besoin de plus de dentistes bénévoles. »
Pour Alexandre Sage, il s’agit de recruter un pool suffisant de dentistes bénévoles afin de répartir un maximum l’activité. « Les postes de médiateur sanitaire et d’assistante dentaire sont les rouages permettant la fluidité de fonctionnement de la structure. Le dentiste bénévole a à se soucier uniquement du soin lorsqu’il intervient sur une permanence. »
Si la nécessité de l’existence d’une telle structure est évidente, elle se doit pour continuer de fonctionner d’être très rigoureuse sur les principes de fonctionnement : « On ne va pas régler les problèmes de l’accès aux droits pour les personnes ayant la CMU ou l’AME. Mais on peut essayer de faire réfléchir sur les problématiques bucco-dentaires en lien avec les inégalités et la précarité ».
Faire réfléchir, mais avant-tout soigner, tel est l’objectif de Solident, l’association nourrie au serment d’Hippocrate.