Premier tome d’une série prometteuse, Spygames – Dissidents vient de paraître aux éditions Glénat, œuvre conjointe d’un scénariste français et d’un dessinateur coréen.
Jeux de mains, jeux de vilains
Dans un appartement de Hong Kong, un massacre entre mercenaires aguerris attire l’attention du commissaire Ka Nei Lg, un flic énergique et téméraire qui ne se doute pas, en essayant de faire son travail, qu’il met le pied au milieu d’une morbide compétition entre états, menée par des agents spéciaux pour qui la vie humaine ne vaut pas grand chose, sinon rien.
L’argument de cette bande dessinée scénarisée par Jean-David Morvan est à l’image de son premier tome : nerveux et violent. Le ton est donné dès les premières pages et la qualité des dialogues, qui sert des personnages peut-être moins stéréotypés qu’ils en ont l’air, ne fait pas oublier le trait vif, sans concession, du dessinateur Jung-Gi Kim.
Axé sur un jeu de couleurs volontairement terne, le graphisme de cet album délivre un environnement à la fois triste et sordide, dans lequel les mouvements de ses protagonistes tranchent radicalement, dans tous les sens du terme. Une violence soulignée par un refus de l’onomatopée, à l’exception de quelques grandiloquentes explosions, qui inscrivent dans une étrange éternité les détonations et les gerbes de sang qui en découlent.
Certaines cases fascinent par l’atmosphère qu’elle dégage, portraits d’un instant, d’une seconde où tout s’arrête, quand un seul trait décrit la balle invisible qui abat sa victime. Spygames n’est pas un récital d’horreurs, sa violence n’a rien de gratuite, mais elle est revendiquée et ne se cache pas derrière de faux-semblants, aussi évitera-t-on de mettre cet ouvrage entre toutes les mains.
Quant aux impatients chroniques, on leur recommandera plus encore d’attendre la parution du deuxième tome, pour le mois d’avril 2015, tant il est vrai que la lecture de ce premier opus, aussi nerveuse que son propos, donne furieusement envie de lire la suite et laisse même un peu sur sa faim.
Spygames
1. Dissidents
de Jean-David Morvan et Jung-Gi Kim
Éditions Glénat
48 pages, 13,90 €
Et que ceux qui sont tentés par l’aventure Spygames sachent que l’album sera le lot à gagner du prochain concours LBP, en ligne à partir de lundi prochain !