Emmanuel Moynot réalise ici l’adaptation en bande dessinée du roman d’Irène Némirovsky écrit au début de la guerre, mais publié seulement en 2004 : prenant.
1940 : les Allemands sont aux portes de Paris et devant la percée foudroyante de l’envahisseur les familles fuient dans un désordre que l’on peut imaginer. Au fil des pages, nous suivons le départ de ces familles de toutes origines dont les destins vont s’entremêler et se heurter de plein fouet, révélant dans ce climat particulier la lâcheté des uns, l’égoïsme et la violence des autres, mais aussi le courage en cette époque de sauve-qui-peut général.
Petit à petit, on s’attache à ces personnages comme si on les avait toujours connus : la famille Péricand, bourgeois affolés, le banquier Corbin, ses employés, les Michaud, le sinistre écrivain Gabriel Corte, Charlie Langelet un opportuniste, la frivole Arlette Corail et beaucoup d’autres qui cherchent à survivre au milieu de cette débâcle.
Le dessin d’un réalisme saisissant restitue parfaitement l’ambiance lugubre de cet épisode de la guerre : attitudes, comportements et rapports sociaux entre les protagonistes de cette fuite en avant, sont reproduits de façon impressionnante accentuant l’effet naturaliste que l’on ressent dés les premières pages et qui font de la « Suite française » un livre dans lequel on plonge, et qui nous maintient en apnée jusqu’à la fin.
Suite francaise
De Emmanuel Moynot
D’aprés le roman d’Iréne Némirovsky
Éditions Denoël
220 pages, 23,50 €