Hervé Bougel, écrivain et poète grenoblois, rend un hommage à un sportif hors norme qu’il fait revivre et ressurgir de notre mémoire.
Luis Ocaña n’était pas n’importe quel coureur cycliste. Il y en a comme ça qui marquent leur époque et même les générations suivantes. Au-delà de ses victoires, il reste un champion incomparable, l’un des rares à ne pas accepter l’implacable domination du cannibale Eddy Merckx en ces années 70 où les coureurs étaient encore des héros.
Par le biais de très courts chapitres, l’auteur éclaire d’une lumière poétique la personnalité et le parcours tragique et splendide d’un homme qui illumina le Tour de France, pas seulement en 1973, l’année de sa victoire, mais aussi par les duels homériques qu’il engageait avec ses adversaires : un seigneur qui se transformait en saigneur lorsqu’il s’agissait, non pas de les battre, mais de les écraser.
Au fil des pages, Hervé Bourgel parvient à restituer ce caractère de champion dans sa dimension la plus profonde et reconstruit par petites touches tous les éléments de la vie de cet être si attachant. En se glissant dans la peau du coureur, de son enfance à sa mort, il réussit son pari : celui de nous transporter dans l’univers si particulier de ceux qui sont faits pour la compétition. Pages après pages, Hervé Bourgel retrace cette carrière, cette vie de gloire et de sang, dans un style brillant et concis. Le texte claque, sans fioritures, et l’on ne peut qu’adhérer à cet ouvrage qui nous emporte dans le sillage d’un coureur aux victoires épiques, aux défaites dramatiques, jusqu’à celle de ce jour de mai 1994 où il décida de se donner la mort. Un livre court, à savourer lentement comme une friandise qu’on ne se lasse pas de déguster.
Tombeau pour Luis Ocaña
Hervé Bougel
Éditions La Table Ronde
96 pages, 12 €
