Le Musée de la Résistance présente l’exposition Un camp pour les Tziganes – Saliers, 1942-1944 : l’opportunité de découvrir une autre facette, souvent ignorée, de la folie raciste de la Seconde Guerre mondiale.
Mathieu Pernot est photographe, diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. C’est à la fin des années 1990 qu’il entame un travail historiographique sur le traitement des Tziganes avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. L’administration française les appelait alors les « nomades », en référence à leur trait caractéristique par opposition au reste de la population, sédentaire.
La discrimination officielle commence en 1912 pour les Tziganes, avec l’instauration du carnet anthropométrique : neuf ans avant l’apparition des premières cartes d’identité (optionnelles) pour les autres Français, ce document, obligatoire dès 13 ans pour les « nomades », permet de suivre précisément leurs déplacements. Une véritable entreprise de fichage et de surveillance systématiques.
Samudaripen
L’ampleur inouïe de la Shoah (six millions de victimes) occulte souvent les autres génocides perpétrés par les nazis, dont celui des Tziganes. Ce sont pourtant 250 000 d’entre eux qui ne reviendront pas des camps d’extermination : c’est le samudaripen, « meurtre collectif total » en langue rom.
Le régime de Vichy ne participera pas directement à l’extermination raciste des Tziganes : ils seront déportés soit en tant que politiques (pour leur engagement Résistant) soit comme droits communs (pour ne pas avoir respecté l’assignation à résidence). La guerre impliquera pourtant un accroissement des discriminations à leur encontre, comme la fameuse assignation à résidence, véritable tentative de sédentarisation forcée et l’ouverture de deux camps d’internement en zone libre, dont celui de Saliers, en Camargue.
Un sujet, deux regards
C’est sur ce camp, dont il ne reste plus rien aujourd’hui, que Mathieu Pernot va concentrer ses recherches. Il va réussir à retrouver certains de ses pensionnaires et les convaincre de raconter leur histoire et d’être photographiés.
Ce sont ainsi deux versions de la même histoire qui se confrontent : les froides archives administratives et le récit des souvenirs des survivants ; les données anthropométriques du carnet de sinistre mémoire et les portraits du photographe contemporain.
La mémoire apporte ainsi sa pierre à la recherche, révélant tout un pan négligé et méconnu de notre histoire. Une histoire partagée avec ceux qui ne l’écrivent pas mais l’ont bel et bien vécue…
Musée de la Résistance et de la déportation, 14, rue Hébert, 38 000 Grenoble
« Un camp pour les Tziganes – Saliers, 1942-1944 »
De 9H00 à 18H00 les lundis, mercredis, jeudis et vendredis
De 13H30 à 18H00 les mardis
De 10H00 à 18H00 les samedis et dimanches
Entrée gratuite
Visite guidée le premier dimanche du mois à 14H30