À l’aube de notre ère, nos besoins n’étaient que primaires et le troc était roi.
L’introduction de la monnaie par la suite a permis de densifier les échanges. Enfin, l’adoption d’un système bancaire a vu l’éclosion d’instruments de paiement, de comptes et d’un conte à consonance contemporaine. Jadis, les dieux grecs vivaient comme bon leur semblait et comme tout leur était dû, ils n’en avaient que faire de l’état de leurs finances.
Le peuple grec, apprenant ce qui se tramait là haut, n’était en aucun cas indifférent à ce genre de vie d’épicuriens acharnés, adeptes sans vergogne du carpe diem. Avec leurs moyens, ils tentèrent de copier ce modèle. Voyons un peu les effets de tant de luxure sur les hommes, nom de Zeus ! Constat actuel : la Grèce est obligée de se priver, pour remonter une pente digne du mont Olympe culminant à 2917m. Pourquoi ? Ce pays a décidé de vivre au-dessus de ses moyens en privilégiant une hausse des salaires et une baisse des impôts. En situation de croissance, même faible, les dieux étaient avec eux. Or, en période de récession, les rentrées fiscales n’ont plus fait face aux dépenses produisant encore plus de dettes et c’est ainsi que les portes de l’enfer se sont ouvertes. Par la suite, la descente a été tellement rapide et brutale, que les dieux sont tombés de leur piédestal. Hadès, dieu des Enfers, fut le seul dieu à se frotter les mains de cette nouvelle, les affaires tournant à plein régime. Fort heureusement, le gouvernement grec a déclenché sa balise et les secouristes du reste de l’Europe sont venus à la rescousse. Dans un premier temps, ces secouristes de l’extrême ont remonté la Grèce à la surface, les frais de ce sauvetage étant avancés par l’Europe. Rapatriée d’urgence à l’hôpital basé à Bruxelles, ses brûlures ne se résorbaient pas d’elles-mêmes et des injections de quelques centaines de milliards d’euros supplémentaires furent nécessaires. Alitée, souffrant le martyre, la Grèce a dû encore payer les frais de ce traitement. Une fois remise sur pied, la rééducation pouvait commencer.
Cependant, le mécontentement face aux efforts longs et fastidieux pour reprendre une vie normale était à son paroxysme. Vu les délais, le coût de cette rééducation dépassait le plafond des 27 étages composant l’hôpital. De ce fait, l’hôpital de Bruxelles a dû demander de l’aide auprès du Fonds monétaire international et également à des fonds privés. Malgré quelques réticences, une entente fut trouvée après d’intenses heures de négociations.
Enfin, la Grèce pouvait sortir, certes pas de l’Europe, mais de cet hôpital, et ce, sous tutelle, car elle devait rendre des comptes. Dès lors, le peuple ne fut plus en odeur de sainteté avec ses divinités. Pour rembourser ces sommes pharaoniques, trente longues années à se serrer la ceinture au quotidien furent nécessaires pour retourner dans le vert. Comme tout conte, la fin est heureuse. Ne dérogeons pas à ce principe et soyons optimistes pour la suite. Alors disons qu’à cette date, en 2041, l’Ouzo coulera à flot et les Grecs verront la vie en rose jusqu’à la fin des temps.