Les aventures du dieu Maïs retracent les épisodes marquants de la vie d’un personnage haut en couleur. D’une part, ce roman dessine l’attraction de Curcurto vers la gent féminine, et d’autre part, un roman anticapitaliste qui dénonce le « supermercatisme », ce besoin fou de grands patrons qui veulent s’enrichir par tous les moyens et l’arrogance de la clientèle des quartiers chics.
Dès les premières lignes, le lecteur se trouve directement plongé dans une ambiance colorée avec un personnage qui confie aimer les femmes « grosses et noires ».
Magasinier chez Carrefour, poète de vocation qui grave des poèmes de la pointe d’une carotte sur les feuilles d’une laitue, Curcurto rend hommage aux prostituées dominicaines dont la chair généreuse lui rappelle la « mamelle pastèque » de sa maman.
Un jour, une de ses partenaires du nom d’Idaline lui parle du dieu maïs, qui fertilise le sexe en or, avec des dimensions idéales désirées par toutes les femmes. Convaincu, il fait recouvrir son appendice d’or bolivien. Le résultat est si éblouissant que Curcuto est élu « Dieu Maïs, le seul Saint Vivant, Vicieux, et Pécheur, le Saint profiteur des femmes »
Les aventures du dieu maïs sont d’un érotisme décomplexé, épicé par les illustrations de Tom de Pekin qui cadrent parfaitement avec l’ambiance et l’univers du livre. L’auteur n’a pas froid aux yeux, ni au reste d’ailleurs. Une perle.
Washington Cucurto est le nom de plume de Santiago Vega, qui dans ses écrits donne une grande place à l’immigration, à la musique populaire, à la danse, à la sexualité et aux marges sociales. On lui donne la paternité du « réalisme étourdissant ». L’écrivain a créé en Argentine une maison d’édition qui publie sur du papier recyclé ramassé dans les rues de Buenos Aires.
Les aventures du dieu Maïs
de Washington Cucurto
Traduit en français par Geneviève Adrienne Orssaud
Editions Nouvel Attila
125 pages, 17.50 €
