Prestations vieillesse, APL, rente des maladies professionnelles, l’état rationalise, limite, ne revalorise pas… Sur le dos de quelles populations cherche-t-on encore à économiser ?
Gel des prestations
Les ministères des affaires sociales et du budget expliquent que compte tenu du taux d’inflation de 2014 , 0,4 % au lieu de 1,1 % prévu, et de l’inflation prévisionnelle de 2015, proche de zéro, la revalorisation des rentes habituellement effective en avril n’aura pas lieu. Les montants fixés en 2014 seront maintenus en vue d’éviter leur baisse.
Seront touchées les indemnités d’accident du travail (AT), de maladie professionnelle (MP), l’allocation personnalisée autonomie (APA), l’allocation de solidarité aux personnes âgées, l’allocation supplémentaire d’invalidité, les pensions d’invalidité, capital décès, la majoration pour tierce personne (MTP) et les composantes de l’ex minimum vieillesse.
La FNATH est excédée
La FNATH (association des accidentés de la vie) juge « scandaleuse et sournoise » cette décision.
L’association rappelle que la revalorisation des pensions d’invalidités et des rentes AT et MP avait déjà été menacée en juin dernier dans le cadre d’un projet de loi de rectification de financement de la sécurité sociale. C’est d’autant plus inacceptable que ces branches sont excédentaires en 2014 et devrait l’être tout autant en 2015. Elle rappelle que ces « rentes concernent déjà des personnes fragilisées par un accident ou une maladie d’origine professionnelle
qui conduisent, dans de nombreux cas, à une exclusion de l’entreprise et donc à une paupérisation ».
L’aide au logement
Mieux cibler l’aide au logement permettrait d’économiser 400 millions d’euros par an. Qui dit économies dit restrictions, l’état souhaite ainsi restreindre l’accès aux aides pour le logement. Un rapport présenté à la commission des affaires économiques de l’assemblée nationale affirme qu’ « il n’est pas acceptable qu’un étudiant puisse bénéficier de l’APL alors que ses parents ont des revenus élevés et qu’ils résident dans la même agglomération que lui ». Les critères d’accès pour les étudiants se calqueraient sur ceux pris en compte pour le calcul des bourses à savoir le revenu des parents, l’éloignement géographique et les cas de rupture familiale.
Une autre façon d’évincer une partie des allocataires : le rapport préconise de prendre en compte le patrimoine dans l’évaluation des ressources car 10 % des allocataires ont un patrimoine supérieur à 30 000 euros.
On peut se demander quelles conséquences vont avoir la restriction budgétaire concernant les APL : Véronique Gilet, directrice régionale Rhône alpes de la fondation Abbé Pierre, nous éclaire.
« Il faut rappeler que ces aides au logement jouent un rôle social plus que jamais indispensable pour empêcher les ménages modestes de basculer dans la pauvreté.
Les APL ont déjà été recentrées socialement à de multiples reprises, et bénéficient aujourd’hui aux plus modestes, si bien qu’elles remplissent un rôle de réduction de la pauvreté aussi important que les minima sociaux. Les causes de la hausse des APL ces dernières années sont connues : une précarisation massive des couches populaires et une hausse inédite des loyers en particulier dans le parc privé. C’est en s’attaquant à ces deux causes structurelles, notamment en produisant du logement accessible financièrement et en encadrant les loyers privés, que l’état pourra, à terme, espérer faire des économies, pas en s’attaquant aux pauvres ou aux modestes (jeunes étudiants boursiers, isolés, familles) ».
Des prestations qui plafonnent face à un taux d’inflation quasi nul, des critères de sélection de plus en plus sélectifs… Des solutions à court terme dans un contexte tendu qui ne font qu’alimenter les inégalités sans résoudre le problème de fond d’une crise économique.