Sur un trottoir de la rue de Alliés, je me suis installé. J’avais posé à mes pieds une pancarte disant à peu près ceci, et qui est la vérité :“ Je suis artiste peintre, écrivain, plus ou moins au RMI depuis 10 ans.
Et pour vous ? Le chômage, la précarité, la pauvreté, qu’avez-vous à en dire ? TEMOIGNEZ ! ”
Un bloc-notes, mon dictaphone, un homme s’arrête, il me sourit.
– (Jean-Marie) Bonjour, quel est votre prénom ?
– (James) Mon nom, c’est James !
– Alors, au sujet de la précarité, de la pauvreté ou du chômage, qu’est-ce que vous avez à dire ?
– Pour ce problème-là, il faut que le gouvernement cherche une solution pour aider les gens. On ne peut pas rester toujours comme ça, il faut se rassembler, parler et donner des idées…
– Des idées nouvelles ?…
– Oui, des idées nouvelles, parce que nous sommes maintenant dans une situation qui nous dépasse.
– Est–ce que vous auriez des idées concrètes qui puissent faire en sorte que la société marche mieux ?
– Bon, une idée pour moi, ce serait de créer des petites entreprises, de renforcer des entreprises déjà en place. Ici, en Europe, tout est plein. On peut chercher à créer des entreprises qui soient en relation avec l’Afrique […] Le problème de l’automobile… ça, vraiment, c’est difficile là-bas ! Ils ont des problèmes très sérieux parce qu’ils n’ont pas de pièces de rechange. Ici, il y a des voitures qu’on casse, qu’on jette pour rien ; on peut collaborer : on prend les voitures qu’il y a ici, on les amène là-bas, et là-bas on les achète à bon prix, ça va créer du travail ; on gagne ici, on gagne là-bas, c’est ça !
– Oui, voilà de bonnes idées !…
– Je ne sais pas pourquoi les gens qui sont ici, ils fuient l’Afrique, non, il y a beaucoup de choses là-bas, ça peut augmenter – ça peut même relever le monde !
– Oui, ça peut partir de l’Afrique…
– Oui !
Relever le monde à partir de l’Afrique : avouez que c’est une idée qui n’est pas tellement véhiculée ici, dans nos pays occidentalisés, et pourtant cette idée n’est pas une utopie, bien au contraire. Avec une volonté politique de partenariat, d’ouverture, de dialogue et de partage, c’est tout à fait possible. Tout le monde y gagnerait : nous, qui voyons s’installer ici un chômage toujours plus important, et l’Afrique bien entendu, un pays où la jeunesse ne rêve que de travailler.
Une personne passe à proximité…
– (JM) Venez témoigner, venez vous installer !
– (Le passant) Je suis au chômage !… Je suis au chômage… Il montre le poing.
– (James) Viens parler !
– (JM) Il ne veut pas !… Rires entre James et moi.
– (JM) Le dialogue… ça, l’Afrique a beaucoup à nous apprendre là-dessus dans le sens où en Afrique on parle, et ici, voilà : les gens passent et ils ne veulent pas parler ; par le dialogue, on peut solutionner les choses…
– (James) Oui ! Parce que si tu t’énerves : tu n’as rien
– (JM) Oui, il ne se passe rien, ou bien c’est la guerre…
– (James) … C’est la guerre, et tu abîmes ta tête – il faut qu’on parle, qu’on raisonne pour savoir comment on va sortir de cette situation-là.
Apprendre de l’autre, dialoguer, bâtir… n’attendons pas, lançons des idées neuves et constructives.
Puis, agissons !