Martin Hirsch est entré au gouvernement en mai 2007 comme Haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté. Son « stratagème » (selon son terme) pour lutter contre la pauvreté a été de mettre en place un mécanisme de soutien aux bas revenus qu’il a dénommé « revenu de solidarité active » (RSA).
Il a quitté son poste en mars 2010, après les élections régionales, et a pris en mai 2010 la présidence de l’Agence du service civique.
Dans un livre paru quelques semaines après son départ du gouvernement, il témoigne de ces mille jours au pouvoir. Il raconte les « secrets de fabrication » du dispositif RSA mis en place à partir de l’été 2009, mais il propose aussi de nouvelles actions. Car selon lui, « il importe désormais de franchir une étape ultérieure prévue dès l’origine. »
Quelle est sa proposition ? Martin Hirsch suggère de fondre le RSA avec deux autres types d’aides existantes : l’une fiscale, l’autre concernant les aides de la CAF aux locataires de leur logement. Il s’agirait de « fusionner le revenu de solidarité active sous sa forme actuelle et la prime pour l’emploi avec tout ou partie des aides au logement ».
Pourquoi ? « Tout simplement parce qu’il est impossible de laisser coexister trois mécanismes répondant à des règles différentes et pourtant destinés au même objectif. Le revenu de solidarité active tient compte des revenus du trimestre écoulé. La prime pour l’emploi est calculée en fonction de ceux de l’année précédente. Quant aux aides au logement, elles sont fixées en fonction des revenus que l’on avait deux ans plus tôt. »
L’enjeu, pour Martin Hirsch, est d’obtenir, par une mensualisation du calcul, une meilleure régularité (et prévisibilité) des revenus : « il faut intégrer ces trois prestations dans un « super-RSA” et faire en sorte – ce qui techniquement n’est pas facile – que le montant de ce “super-RSA” soit désormais ajusté chaque mois, pour contribuer à la plus grande stabilité possible des revenus. »
Ce RSA élargi et calculé tous les mois devrait avoir un effet positif sur le « RSA activité » qui consiste en des compléments pour des salariés. Selon Martin Hirsch : « Ce “super-RSA” aura un second avantage. Il concernera majoritairement des personnes qui travaillent et, parmi elles, beaucoup de ceux qu’on désigne comme les “classes moyennes”. Ainsi pourra-t-on continuer à “déstigmatiser” les allocataires de prestations sociales, ce que nous avons commencé à faire avec le RSA par rapport au RMI. Percevoir le RMI était symbole d’assistanat. Cela signifiait être en dehors du monde du travail, coupé de l’emploi. Tel n’est plus le cas avec le RSA. »
Citations extraites du livre Secrets de fabrication de Martin Hirsch, éditions Grasset, 2010.