Virginie Terrancle révèle ses méthodes d’accompagnement PLIE (Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi)

Le programme MAAC (Micro action altruiste créative), une nouvelle méthode pour l’émergence?

Redonner du pouvoir aux personnes en précarité est l’une des missions que se propose Virginie TERRANCLE dans le cadre de l’accompagnement PLIE aux bénéficiaires du RSA des pays Voironnais et du Sud Grésivaudan.
Elle oriente les personnes qu’elle accompagne en mettant en avant leurs  propres ressources et leurs centres d’intérêt. Cette méthode aide à la motivation des bénéficiaires à mettre en place des micro-projets.

Qui est Virginie Terrancle ?
Chargée d’accompagnement PLIE à la Maison de l’emploi et de la formation des Pays Voironnais et Sud Grésivaudan, Virginie Terrancle s’occupe depuis 2012 d’accompagner dans l’emploi et vers l’emploi une file active de 70 personnes, dont 66% sont bénéficiaires du RSA.
Formée en histoire, puis en commerce, Virginie TERRANCLE a ensuite entamé une reconversion vers le champ du social en 2011. Sa formation lui a permis d’obtenir le diplôme de Chargée d’insertion en 2012. Elle a exercé pendant 5 ans comme conseillère en emploi renforcé à Pôle emploi avant d’occuper son poste actuel de chargée d’accompagnement des pays Voironnais.

Quelles sont vos méthodes d’accompagnement ?
Le programme MAAC (Micro action altruiste créative) : “ Nous avons proposé en mars dernier un cycle d’ateliers en ligne pour aider les bénéficiaires à réfléchir et à mettre en lumière tout ce qui leur fait du bien : leurs ressources, leurs forces, leurs centres d’intérêt, les personnes sur lesquelles elles peuvent s’appuyer, etc. Mais aussi sur tout ce qui leur donne envie d’agir au niveau sociétal. A partir de ces réflexions, la personne est amenée à imaginer et mettre en place un micro-projet. Il s’agit ici du programme MAAC, un programme qui émane de la recherche en psychologie positive et que nous avons mis en place pour accompagner les personnes dans l’émergence et la mise en place des micro-projets à impact positif en utilisant leurs propres ressources. Ce programme aide à reprendre confiance en soi, à créer du lien, à développer ses compétences, à imaginer des projets, à retrouver de la motivation  pour avancer. Le programme MAAC, quoique en phase d’expérimentation, montre déjà quelques avancées. Un exemple concret : nous avons une personne qui aime tricoter. Elle va mettre en place des ateliers tricot ( les ateliers ne sont pas encore mis en place- pour le moment nous avons organisé une collecte de laine auprès des habitants du pays voironnais qui a permis de recevoir + de 700 pelotes de laine en dons- les ateliers sont la phase 2- nous recherchons un endroit pour les mettre en place) . Cette activité lui permet déjà de sortir de l’isolement et d‘imaginer un micro-projet : “tricoter pour faire des dons à des associations de sans-abris.”
J’ai toujours cherché à orienter mon accompagnement sur les ressources de la personne. Ainsi, je porte mon attention sur tout ce qui les anime, mettre en avant les choses les plus positives et laisser de côté tout ce qui peut être un frein.
Le collectif : Les situations des personnes sont souvent très complexes. Certaines personnes sont isolées. Dans mon accompagnement, en plus de l’individualisation pour un meilleur suivi cas par cas, j’utilise  le collectif : un temps  d’échange et de partage avec les bénéficiaires. Une façon pour moi de créer du lien entre bénéficiaires et de partager des expériences. »
Le travail en réseau Je travaille en lien avec les autres partenaires tels que les organismes de formation, les pôles emploi, les autres structures d’insertion, etc. afin de trouver les solutions les plus adaptées aux situations de chaque personne. Cette collaboration très solidaire et très riche me permet de vite trouver la solution en équipe.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans cet accompagnement?
“Face à des situations précaires parfois très fragiles, il peut y avoir la crainte d’abandon de parcours. La charge mentale est donc énorme. Il faut savoir gérer ses émotions. Rester à l’écoute et trouver des solutions sur mesure, adaptées à chaque situation.”

Que diriez-vous de l’accompagnement face à la crise sanitaire ?
“La crise sanitaire a accentué la précarité. Notre accompagnement étant global, il était utile pour nous de réfléchir sur des méthodes de renforcement de notre accompagnement. Nous avons ainsi multiplié nos échanges au téléphone avec des bénéficiaires. Nous organisons des entretiens en visio et maintenons des rendez-vous en présentiel dans le respect des gestes barrières. Nos démarches vont vers la recherche de solutions tant sur le plan social que sur la recherche d’emploi.”

Quels sont vos souhaits ou projets pour l’évolution de votre métier?
Mon souhait est de changer le regard porté sur les allocataires. Il faut questionner sa pratique professionnelle. Nous allons nous investir à utiliser des méthodes plus adaptées pour favoriser la création du lien et du réseau (le collectif et le programme MAAC par exemple) et je vais continuer à me former sur la psychologie positive ( c’est une démarche personnelle).
Virginie Terrancle se dit passionnée par son métier. Un métier riche en contact humain, utile pour le soutien de personnes isolées, fragiles ou en précarité. Elle témoigne “dès mon plus jeune âge, j’ai accompagné ma mère dans toutes ses démarches administratives. Je voyais combien elle s’inquiétait si elle n’arrivait pas à faire ses déclarations, à déposer ses justificatifs ou à faire le suivi de son dossier. C’est l’expérience qui me motive à faire le meilleur accompagnement possible.”