Le collectif grenoblois « Mort De Rue » avance peu à peu, mais sûrement. Des réunions régulières, une démarche qui s’affirme et des partenaires institutionnels qui sont à l’écoute ou participent à ce projet : autant d’éléments qui mettent en évidence la pertinence de cette démarche, la volonté et l’engagement de ceux qui l’accompagnent.
A l’invitation de Christian Gay, attaché de Direction aux Pompes Funèbres Intercommunales, une visite du carré commun des cimetières de Grenoble et La Tronche a été organisée le 3 mai 2012. Une occasion de découvrir la réalité de ces sépultures et de faire tomber les clichés restrictifs associés à la fosse commune. S’il y a bien des différences sur l’aspect extérieur des tombes, il n’y a pas en revanche de traitement au rabais pour ceux qui reposent dans le carré commun. Ni effet d’agglomération de tombes, ni impression d’espace mal entretenu : chaque tombe est identifiable, distinguée, marquée d’une croix ou d’une plaque de bois. Certes la patine du temps est probablement plus visible que sur du marbre mais les noms des défunts sont reconnaissables.
Christian Gay a pris le temps d’apporter certaines informations, permettant d’avoir un aperçu beaucoup plus précis sur le fonctionnement d’un cimetière. Ainsi a-t-il rappelé l’obligation faite au maire de prendre en charge l’inhumation de toute personne décédée sur sa commune. Si celle-ci est « dépourvue de ressources suffisantes » (terminologie qui remplace celle d’ « indigente») elle est enterrée dans le terrain commun du cimetière, dans une fosse individuelle, et ce pour une durée minimale de cinq années. D’après la législation en effet, une place au carré commun peut être libérée au bout de cinq ans et les ossements envoyés à l’ossuaire (ou incinérés). En pratique, les cimetières de l’agglomération grenobloise ne connaissant pas de problème lié au manque de place, cette durée d’occupation est prolongée bien au-delà.
Pour les membres du collectif « Mort De Rue », cette présentation a permis de dresser un état des lieux sur le carré commun : fonctionnement, taille, entretien. Les questions nombreuses posées à Christian Gay et à Christine Delplanque, responsable des cimetières de Grenoble, ont trouvé des réponses assez détaillées et ont constitué le point de départ d’une réflexion autour de l’entretien de ces carrés communs. Le langage commun à tous les participants était celui de la dignité, guidé par une volonté de donner aux morts leur vraie place parmi les vivants. Le contraire du morbide.