Ce 22 janvier 2016 avait lieu la journée de restitution de l’évaluation du PDI (Programme Départemental d’Insertion) 2012-2016 qui dresse un état des lieux de l’offre d’insertion en Isère.
Le Programme Départemental d’Insertion définit les actions et les outils mis en place par le Département sur une période donnée afin de favoriser l’insertion. Ce 22 janvier 2016, le cabinet ASDO a présenté les résultats de son évaluation du PDI 2012-2016.
L’état des lieux en Isère
En décembre 2014, les personnes allocataires du RSA représentaient 4,8 % de la population des 0-65 ans du département alors que le chiffre était de 6,6% en France métropolitaine. Le département isérois est donc plutôt favorisé , mais avec des situations territoriales très hétérogènes, notamment pour les petits territoires moins pourvoyeurs d’offres d’insertion.
En revanche, on peut observer une dégradation les cinq dernières années avec une augmentation plus importante du volume des bénéficiaires sur cette période par rapport à d’autres départements de Rhône-Alpes et une dynamique inquiétante sur des publics spécifiques (les plus de 55 ans par exemple).
Un dispositif d’orientation et d’accompagnement à optimiser
Le nouveau dispositif Itinérair’RSA comporte des avancées sur le principe : une réduction des délais pour un premier contact, une meilleure information et une implication dans le choix du parcours adapté ainsi qu’un accès aux droits facilité.
Cependant, dans les faits, l’étape d’initialisation n’est pas optimale : c’est une phase lourde à organiser et deux tiers des allocataires ne répondent pas à leur convocation. La mise en oeuvre de la plateforme d’accueil et d’orientation doit être améliorée.
Le principe du référent unique plébiscité
37 % des BRSA (Bénéficiaires du RSA) disent ne pas être accompagnés par un référent unique, et la moitié d’entre eux aurait souhaité bénéficier d’un interlocuteur privilégié. D’ailleurs, les personnes disposant d’un référent unique se sentent globalement mieux accompagnées dans leurs démarches d’insertion (72 % de satisfaction pour les BRSA avec référent unique contre 44 % sans référent unique).
Les caractéristiques et points de progression des parcours spécifiques
l’accompagnement PSSI (Parcours Social Santé Insertion)
Cet accompagnement est centré sur la résolution de problématiques du quotidien. Les professionnels sont souvent axés sur la protection de l’enfance et les outils emploi ne sont pas suffisamment investis.
L’accompagnement PER (Parcours Emploi Renforcé)
Le suivi est plus poussé et l’accompagnement contraint positivement les référents à travailler en partenariat avec des structures complémentaires sur le plan de l’emploi et sur le plan social. Le PER est plus efficace de 10 % par rapport à un accompagnement Pôle Emploi.
L’accompagnement Pôle Emploi
Les référents connaissent mal l’offre de service du Département et la disparition des agents dédiés RSA a fait perdre aux équipes un relais d’informations important. De plus, le suivi ne serait pas optimal lorsque l’allocataire passe d’un parcours à un autre.
Les limites des interventions des professionnels
Les professionnels soulignent les limites de leurs interventions pour des publics « sans demande » explicite comme les personnes proches de la retraite ou ayant des problèmes de santé, ou encore les publics ayant trouvé un équilibre avec le RSA.
Les pratiques de prescription restent aussi hétérogènes : la connaissance de l’offre est variable et les référents prescrivent en fonction du réseau d’opérateurs qu’ils connaissent. Par ailleurs, les réponses à certains freins restent insuffisantes (problématiques « psy », difficultés linguistiques, problèmes de mobilité, difficultés d’accès aux ACI (Ateliers et Chantiers d’Insertion)).
Généraliser l’utilisation du CER (Contrat d’Engagement Réciproque)
Si le CER est utilisé comme outil d’accompagnement pour les personnes en parcours PER, il est renseigné de manière plus aléatoire par les acteurs sur le PSSI, car ceux-ci estiment que les situations des bénéficiaires ne prêtent pas forcément à la contractualisation d’objectifs et mentionnent le manque de temps des travailleurs sociaux. Les acteurs soulignent aussi le manque de souplesse du format actuel du CER (notamment sur l’impossibilité de proposer des contrats de moins de 6 mois). L’utilisation des CER est aussi variable selon les territoires.
Une offre d’insertion conséquente parfois méconnue
L’offre d’insertion reste très riche en Isère. Sur l’ensemble du territoire, ce sont plus de 400 actions qui ont été développées, favorisant l’offre de proximité et se déclinant en actions individuelles ou collectives en fonction des situations.
La logique de développement social territorial est bien ancrée et les résultats sont tangibles (suite à une action d’insertion en 2013, le taux de retour à l’emploi était de 54%°, un chiffre en augmentation par rapport à 2009).
Mais cette offre d’insertion comporte des fragilités : elle est « illisible » pour les acteurs (prescripteurs et opérateurs) et les usagers qui ont des difficultés à se l’approprier. Elle est inégale sur les différents territoires (en termes de quantité, de financement et de nature). Malgré sa richesse, elle souffre de lacunes sur des champs importants (santé, mobilité sur certains territoires, linguistique).