Christian Nony, 67 ans, conducteur de travaux dans le bâtiment à la retraite est le président des amis du collectif grenoblois Mort De Rue. Rencontre avec un homme de convictions
Solidarité militante
Lyonnais, issu d’une famille nombreuse, il s’implique dans le domaine associatif. En cela, Il a suivi l’exemple donné par ses parents, souvent absents et sans cesse sollicités :
« Catholiques et militants syndicalistes, ils avaient entrepris une action contre la guerre d’Algérie et œuvraient tout particulièrement pour améliorer le quotidien des grandes familles ».
Lorsqu’il déménage à Grenoble, il s’intéresse à la vie associative et devient bénévole auprès de l’association Un Toit Pour Tous et ainsi qu’au Secours Populaire.
La mort à la rue : l’impossible indifférence
« Lors de l’enterrement d’un ami, j’ai été choqué et indigné par l’injustice de la vie à la rue qui se poursuit au moment du décès, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose ! ».
Quand ce sujet avait été abordé lors d’une réunion de l’espace-débat du Parlons-en, plusieurs participants s’étaient mobilisés avec lui « pour d’abord accompagner les familles en deuil d’un proche mort à la rue, mais aussi pour mener des réflexions constructives, pour défendre le droit au logement ». Le collectif grenoblois Mort De Rue naîtra en novembre 2011 afin d’alerter les pouvoirs publics et de faire évoluer les mentalités.
La mort à la rue : l’impossible silence
Devenu président de l’association en mai 2015, Christian Nony anime les réunions le dernier jeudi de chaque mois dans les locaux de l’association Point d’eau. Il veille avec l’appui de bénévoles motivés à mener des actions de sensibilisation pour dénoncer les violences de la vie dans la rue : cérémonie annuelle de commémoration du 3 juillet, campagne d’affichage…
Il martèle avec conviction : « la mort est encore plus impitoyable à la rue. Rendre hommage aux défunts est une simple question de dignité. Parfois certaines situations sont plus délicates, notamment quand il s’agit du décès d’une jeune fille. Le problème des femmes à la rue est moins connu. Leur mort est encore plus tabou et presque plus indécente que celle des hommes. Au moment d’un décès, c’est encore plus difficile mais nous essayons d’avoir du recul. Nous nous devons de rendre hommage, tout simplement ».
Christian Nony insiste sur le partage, celui du temps, de l’enthousiasme et des valeurs. Même s’il s’interroge le moyen de transmettre les principes de solidarité et d’entraide reçus de ses parents, il n’en reste pas moins convaincu de son action contre l’individualisme et l’égoïsme de la société : « si on était tous solidaires, personne ne serait à la rue, il n’y a pas assez de solidarité. Malgré ça je veux continuer à assumer la responsabilité de Les amis du collectif grenoblois Mort De Rue et d’Un Toit Pour Tous pour lutter, à mon modeste niveau, contre la misère et la pauvreté ».
Pour plus d’infos
Les amis du collectif grenoblois Mort De Rue
Site internet
06 80 43 79 61